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Lettres à Théophile

© GettyImages
Une correspondance entre l’auteur et un certain Théophile, qui tous deux se questionnent sur des thèmes bibliques.
Jonathan Herment

La Parole est vraiment un livre vivant. Mes lectures successives me révèlent les textes sous un sens toujours nouveau. Non pas que ce qu’elle a à nous dire relève d’une interprétation subjective, mais plutôt parce que notre intelligence, en étant renouvelée par l’Esprit, se rapproche peu à peu du cœur de son message. Et je crois qu’il n’est pas assez d’une vie pour sonder de telles profondeurs…

Nous avons dernièrement étudié l’histoire de Babel. J’avais jusqu’alors vu dans ce texte une simple explication de l’origine de la diversité des cultures: elle serait un châtiment infligé par Dieu aux hommes en conséquence de leur prétention à vouloir «se faire un nom» et s’élever jusqu’à lui…

Aujourd’hui je pense que «châtiment» n’est pas vraiment le bon terme. En regardant le texte de plus près, la sentence de Dieu avait moins pour but de punir les hommes que de les protéger. La diversité des cultures protège les groupes humains de prétendre à détenir à eux seul la vérité ultime. Car ce privilège appartient à Dieu seul. En ce sens on peut se souvenir de la pensée de Pascal: «Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà». En effet, avec la prétention de détenir la vérité, l’homme risque à coup sûr de s’enfermer durablement dans l’erreur.

Dans l’Apocalypse, Babel devient Babylone, «la grande ville qui règne sur tous les rois de la terre» (Apoc. 17, 18). L’histoire nous le révèle, à chaque fois qu’un Etat, un système politique ou idéologique tend à soumettre tous les hommes à son influence, c’est le projet de Babel qui est remis sur l’établi.
L’Eglise n’est pas non plus épargnée. Même la meilleure théologie, si «orthodoxe» soit-elle, a ses limites. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder du côté des théologiens des pays du Sud, qui révèlent les angles morts de notre christianisme occidental, souvent imprégné de matérialisme et d’individualisme.

La différence, loin d’être une menace, est une main tendue qui rappelle à l’homme sa finitude. Elle invite à chercher l’unité parfaite, non pas dans l’uniformité mais par l’Esprit de Dieu qui, en se déversant sur les disciples à la Pentecôte, a célébré la gloire de Dieu dans toutes sortes de langues. Cette unité dans la diversité sera pleinement manifestée au retour du Christ, lorsque des hommes de «toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue» (Apoc. 7, 9) s’uniront pour chanter le cantique à la gloire de l’Agneau.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Octobre 2024

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