Les Sioux sont de retour
Les caméras cachées sont partout qui nous filment à notre insu. À l’entrée de ma commune, par exemple, il y a des panneaux: «Ville sous surveillance caméra». Sur l’autoroute ou dans une multitude d’endroits où je me rends, dans les couloirs du métro ou dans les galeries marchandes, je suis filmé inexorablement.
Par ailleurs, je suis convoqué par la Police judiciaire parce que j’ai téléphoné avec mon portable à moins d’un kilomètre d’une scène de crime qui s’est produite il y a six mois dans mon quartier. On appelle cela «appel à témoin». Ce qui me confirme que mon téléphone est une balise permanente qui permet non seulement à mon opérateur de me suivre, mais de me dénoncer éventuellement dans mes déplacements et dans mes conversations.
Que je fasse mes achats sur le net ou ailleurs, mes cartes bancaires ou client sont, elles aussi, d’une terrible indiscrétion. Non seulement elles marquent mes passages dans tel ou tel magasin, sur tel ou tel site, mais elles peuvent aussi mettre en évidence le détail de mes achats.
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Il paraît que tout cela se fait au nom de la sécurité et donc pour mon bien! Voilà qui me rassure! J’ai l’impression que les Sioux sont de retour: ils me pistent, scrutent mes pas, vérifient mon heure de passage en fonction de la chaleur des cendres de mes feux et peut-être même de mes déjections. Je ne suis pas sûr, cependant, que ce jeu de piste permanent m’amuse beaucoup.
Lorsque l’œil de la caméra sera aussi sur mon lieu de travail, dans ma chambre ou dans l’isoloir, je ne suis pas sûr de vouloir jouer le rôle de la Nouvelle Star.
Ce pistage quotidien porte encore un autre nom, nouveau et plus joli mais tout aussi inquiétant: la traçabilité. Dans le monde de la consommation, il est plutôt rassurant. Exemple: sur 159000 dindes, en Angleterre, il y en avait une qui était porteuse du virus H5N1; grâce à la traçabilité, elle a été immédiatement repérée. Ce qui permit de sauver toutes les autres? Du tout. Elles ont également été gazées par mesure de prudence… Mais nous, nous ne sommes pas des dindes, n’est-ce pas? Peut-être juste des dindons…
Par contre, si vous êtes chrétien, vous savez que Dieu est plus grand et plus fort que tous les services de surveillance de la planète. On ne peut lui échapper. Et non seulement il vous voit partout et à tout moment, mais il n’oublie aucun de vos gestes. Chaque fois que je vois une caméra, je pense à lui. La question est de savoir si cela me rassure ou si cela m’exaspère.
Hugues Not
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mai 2007
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