Les Etats-Unis, «dépotoir pour fanatiques religieux»

«Nous vivons un âge d’or de l’ignorance.» C’est ainsi que le journal Le Monde a titré un entretien paru mi-mars de Robert Proctor, professeur d’histoire des sciences à l’université de Stanford. Spécialiste des mécanismes de fabrication de l’ignorance par la manipulation des outils scientifiques, Robert Proctor revient notamment sur les origines de l’attaque menée par l’administration de Donald Trump contre de larges domaines de la recherche universitaire.
Si dans l’article, le professeur décrit non sans pertinence le «processus de purification», «de restauration imaginaire d’une sorte de pureté» de l’administration Trump à l’égard de la science ainsi que la résurgence du nationalisme chrétien, une phrase me semble dépasser le champ de l’opinion et devenir une injure, desservant malheureusement le propos. Robert Proctor, qui relie cet «âge d’or de l’ignorance» à «la longue histoire du christianisme évangélique aux Etats-Unis», dérape en déclarant que «l’Amérique est une sorte de dépotoir pour fanatiques religieux». Et de s’en prendre aux «versions étranges de la religion protestante». Dans un même souci de dénoncer «un âge d’or de l’ignorance», Le Monde se serait-il permis de publier des propos qualifiant de «dépotoirs pour fanatiques religieux» les exemples pourtant infiniment plus extrêmes que sont l’Afghanistan ou l’Arabie Saoudite? L’outrance est parfois aussi une forme d’ignorance.
David Métreau

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mai 2025
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