Les coulisses du tournage avec Simon le Zélote

Quel est votre rôle dans la série?
Je joue Simon le Zélote (photo à gauche). On sait peu de choses sur lui dans la Bible. Du coup, les scénaristes ont tissé une histoire pour ce personnage qui a rejoint les Zélotes, ce mouvement politico-religieux prêt à expulser les Romains par la force. Je n’ai pas eu de mal à rentrer dans le rôle car, plus jeune, j’ai pratiqué des arts martiaux. J’ai fait de mon corps une arme, bien que ça n’ait jamais été dans l’objectif de faire du mal.
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Comment avez-vous intégré le casting?
En tant qu’acteur, je suis basé en France, mais j’ai un agent américain. Je suis bilingue. Il a repéré cette série en création et m’a suggéré de passer une audition. J’ai envoyé une vidéo. Initialement, c’était pour jouer Simon Pierre ou Thomas, mais je n’ai pas été retenu. L’équipe de la série m’a rappelé, un an plus tard, en me demandant d’auditionner pour Simon le Zélote. Ce disciple n’apparaît que dans la deuxième saison. J’ai essayé sans trop y croire. Mais cette fois, ça a été la bonne.
Quel regard portez-vous sur l’originalité du financement de cette série?
La grande particularité de cette série est qu’elle est financée uniquement par les dons des spectateurs. On peut suivre l’évolution de la collecte de fonds en temps réel. Dix millions de dollars avaient été récoltés pour la première saison. C’est le montant le plus élevé jamais rassemblé pour une série. En tant que comédien, ce fonctionnement est plutôt agréable. Quand la somme est atteinte, on sait qu’on va pouvoir y retourner. Sur les autres projets, on n’a pas forcément de regard sur la production et parfois des subventions peuvent être retirées et le film tombe à l’eau.
Y a-t-il d’autres différences entre ce tournage et les autres tournages auxquels vous avez participé?
Oui. Du fait du financement participatif, on nous encourage à prendre des photos et à parler de ce que l’on fait sur les réseaux sociaux. On ne doit rien spoiler évidemment, mais il n’y a pas de barrière de confidentialité. J’ai mis un peu de temps à m’habituer. Je venais tout juste de tourner dans un Marvel avant et là, au contraire, il ne fallait rien dire à personne. C’était top secret! Sinon, comme autre différence, je mentionnerais aussi l’ambiance lors du tournage.
L’entente qui régnait au sein de l’équipe était particulièrement bonne. J’ai été accueilli les bras ouverts dès le premier jour. C’était extrêmement touchant et très rassurant pour moi. A tel point que j’avais un peu peur de passer à un autre tournage ensuite. Parfois, les egos prennent le dessus. Certaines personnes peuvent avoir du mal à se soumettre à un projet et accepter de s’effacer. Là, ce n’était pas le cas. Tout était fluide et agréable.
En plein tournage, quelqu’un est venu prier pour moi »
Quelle place avait la religion sur le tournage?
Le projet est porté par des évangéliques. Jonathan Roumie, l’acteur qui joue Jésus, est catholique et très engagé. Néanmoins, tous ne sont pas forcément chrétiens. Moi-même, j’ai été éduqué dans l’islam mais aujourd’hui je ne me rattache pas à une confession religieuse. Je suis juste croyant en Dieu. C’était une belle preuve d’ouverture d’esprit et de tolérance en tout cas que d’arriver à mener ce projet avec autant de personnes différentes.
Lorsque je suis avec Jonathan Roumie, chaque fois que l’on partage un repas, il commence par prier. C’est quelque chose qui ne me choque pas du tout. Un jour, en plein tournage, une personne de l’équipe, qui est pratiquante, est spontanément venue, à l’issue d’une conversation anodine, me prendre par l’épaule et prononcer une prière sur le sujet qui a été abordé. Ça fait du bien.
Pour vérifier la cohérence avec les textes bibliques, des experts étaient-ils aussi présents sur le tournage?
Effectivement, il y a tout un comité de relecture du scénario avec un rabbin et des consultants chrétiens. Ils sont là constamment pour vérifier que tout est correct. Lorsque l’histoire de la série se détache du texte biblique, la volonté du réalisateur Dallas Jenkins est que ça reste plausible. Le comité est là pour vérifier que la liberté qui est prise pour les besoins du récit ne va pas à l’encontre du texte biblique.
Est-ce qu’il y a eu quelques controverses?
Une scène a engendré quelques débats. C’est lorsque Jésus prépare et répète son discours en amont du Sermon sur la montagne. Certaines personnes ne concevaient pas que Jésus puisse hésiter sur les mots à choisir pour son discours. Les consultants ont dit que c’était plausible. A partir de là, on assume complètement. Bien que très fidèle aux Ecritures, le projet reste une série. C’est une interprétation possible. En dehors du récit rapporté par les Evangiles, personne ne sait exactement comment ça s’est passé.
Avez-vous craint que le fait de participer à une série réalisée par des évangéliques puisse porter préjudice à la suite de votre carrière?
Est-ce que stratégiquement c’est une bonne idée de participer à tel projet? C’est surtout les agents qui se posent toutes ces questions. Pour moi, ça a été beaucoup plus simple que ça. Je devais donner une réponse le lendemain. J’ai regardé la première saison d’une traite. J’ai tout de suite été conquis. La suite de ma carrière ne m’appartient pas. Je sais juste qu’on me donne un très bon repas à consommer là tout de suite et que j’en ai envie. Je ne me suis pas demandé si ça allait me créer un cancer dans dix ans ou si au contraire ça allait me rallonger la vie de vingt ans. C’est bon, c’est tout!
Qu’a représenté pour vous la sortie en France de la première saison?
C’était très touchant. J’étais à l’avant-première au Gaumont Champs-Elysées à Paris. J’ai travaillé sur ce projet depuis les Etats-Unis. Voir la série débarquer en France a un côté un peu bizarre du coup. Ce sont deux mondes qui se rejoignent. Si la deuxième saison est diffusée à nouveau sur C8 en 2022, j’espère pouvoir doubler ma propre voix en français. Normalement, c’est ce que mon contrat stipule. Ce serait amusant!
