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La liberté selon Elon Musk

L'édito de l'édition de décembre
David Métreau

Homme d’affaires de génie, milliardaire fantasque, Elon Musk, patron de Tesla et de SpaceX se présente aussi comme le chantre de la liberté d’expression. C’est au nom de celle-ci que l’homme le plus riche du monde a racheté fin octobre le réseau social Twitter pour une poignée de dollars. 44 milliards pour être précis.

La nouvelle a suscité un tremblement de terre médiatique et l’effroi chez de nombreux utilisateurs craignant que la modération des contenus haineux soit plus «souple». A l’inverse, d’autres ont salué une victoire de la liberté, face à la «pensée unique». Le Sud-Africain excentrique semble ainsi être devenu la coqueluche de certains chrétiens ou du moins conservateurs des deux côtés de l’Atlantique. S’il s’affranchit du «politiquement correct», est sceptique sur la théorie du genre et les quotas liés à la couleur de peau ou à l’orientation sexuelle dans les productions audiovisuelles d’Hollywood ou de Netflix, Elon Musk est loin de prôner des valeurs chrétiennes.

En effet, en plus des trois entreprises précitées, Elon Musk, 51 ans, est également propriétaire de la start-up Neuralink dont l’objectif est de relier le cerveau à des circuits intégrés dans le but de fusionner les intelligences humaine et artificielle. Le premier objectif est louable: traiter des maladies neurologiques et permettre à des personnes lourdement handicapées de recouvrer la parole et/ou la mobilité. Mais l’implant cérébral sans fil Neuralink n’est pas sans poser de sérieuses questions bioéthiques. Un domaine dans lequel Elon Musk prône là aussi la liberté (quasi)totale. Car avec Neuralink, il s’agirait dans un second temps «d’augmenter» les capacités humaines en fusionnant l’homme avec la machine. Le dispositif dont les phases de tests pourraient bientôt commencer sur l’être humain devrait permettre de piloter un ordinateur à distance voire même «d’entendre» de la musique dans son cerveau.

Argument de plus, s’il en fallait, pour attester de l’excentricité du personnage et de sa soif de liberté: les prénoms de ces deux derniers enfants. Après X Æ A-12 (surnommé X) né en 2020 est venue au monde Exa Dark Sideræl (surnommée Y) en 2021, dans la famille Musk. Avec là encore une référence au transhumanisme, le premier prénom évoquant l’intelligence artificielle et le second une machine de calcul très puissante.

Pourquoi ce portrait en partie à charge? Pour une mise en garde. Il existe une tentation grande chez les chrétiens de s’allier avec celui ou celle qui pourrait nous protéger de la menace la plus évidente; en l’occurrence le relativisme moral qui oublie Dieu et le progressisme qui fait de l’homme une idole. Mais les «ennemis» de mes «ennemis» ne sont pas toujours mes amis. Et souvent la peur est mauvaise conseillère. Le livre d’Osée nous offre une terrible illustration. Au lieu de compter sur Dieu pour être en sécurité, Israël tente de s’allier avec des nations ennemies comme l’Egypte et l’Assyrie. «L’Egypte va me protéger de l’Assyrie (ou l’Assyrie de l’Egypte).» Il en découle la dévastation du pays et l’exil. Au lieu de compter sur Dieu pour garantir leur liberté, certains chrétiens tentent de s’allier à Elon Musk. Gare aux alliances contre-nature.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Décembre 2022

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