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Jésus a connu la solitude du martyre sur la Croix

Jésus cloué sur la croix.
© iStock
Les personnages bibliques ont vécu la solitude. Comment s’inspirer de leur exemple pour éviter une solitude destructrice, mais supporter celle nécessaire et fructueuse? Quelques pistes avec Dany Hameau, prédicateur itinérant, auteur et enseignant à l’Institut Biblique de Genève. Entretien
David Métreau

Que dit la Bible de la solitude? Est-ce perçu de manière positive ou négative? A-t-on des exemples de solitude vertueuse et de solitude destructrice?

Les hommes de Dieu qui nous ont précédés ont connu diverses versions de la solitude. Moïse, à la tête de son peuple, a connu la solitude du chef et de l’intercesseur. Job a connu la solitude dans l’épreuve. David a connu la solitude de l’homme abandonné et persécuté. Néhémie a connu la solitude du responsable visionnaire et du meneur d’hommes. Elie, comme Jérémie, a connu la solitude du prophète impopulaire. Jésus, aussi, a vécu l’expérience de la solitude: celle du martyre, notamment, et du Fils de Dieu (voir Luc 22, 39-46).

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Ces différentes formes de solitude inévitable ont été bien plus qu’un mal nécessaire, à en juger par les fruits positifs qu’elles ont produits! Par contre, la solitude d’Adam et Eve chassés du jardin et de la présence de Dieu, d’Esaü ayant vendu son droit d’aînesse, de Jonas boudant sous son ricin, de Pierre ayant renié son Maître ou de Judas Iscariote ayant trahi celui qui lui avait fait confiance a laissé d’infinis stigmates amers qui ont ébranlé l’équilibre psycho- logique d’individus confrontés à leur grave problème de culpabilité personnelle.

Théologiquement parlant, le problème le plus grave à résoudre par l’être humain est le péché qui induit un état de culpabilité que seul le sang versé par Jésus à la croix peut absorber et rectifier. Comme conséquences toxiques ou symptômes destructeurs du péché se trouvent la culpabilité, l’anxiété, le doute, l’insatisfaction et la solitude infligée.

Jésus alternait les moments avec la foule, puis en comité restreint avec ses disciples, mais il lui arrivait aussi de se retirer seul. Pourquoi ce besoin? Est-ce la même chose pour nous aujourd’hui?

Chaque être humain doit trouver en n’importe quelle situation de la vie courante la juste posture entre la dépendance à l’égard d’autrui et l’autonomie. Ce qui revient à dire que dans l’art de gérer son capital «relations personnelles», il y a un temps pour savoir se retrouver seul avec soi-même et un autre temps pour s’investir dans le rapport à autrui. Rien que notre propre système physiologique nous impose comme impératif catégorique la nécessité de dormir. Or dormir, comme disait le philosophe Dürkheim, c’est «se désintéresser du monde» et personne ne peut dormir à notre place!

Pratiquer l’art de la solitude (assumée et non subie) est aussi indispensable mais également aussi difficile que de construire des relations harmonieuses et significatives avec autrui. A en juger par les observations actuelles que la sociologie relève en Occident, il est à craindre que nous soyons bien loin du compte.

Peut-on s’habituer à une forme de solitude? Comment ne pas la subir (de façon individuelle, mais aussi en famille ou en Eglise)?

Une personne en mesure de bien assumer sa solitude saura développer des relations personnelles satisfaisantes avec autrui. Pour ce faire, elle devra cultiver certaines qualités: rester consciente de son besoin de donner et de recevoir, dans les relations, par exemple. Mais aussi la capacité de développer une bonne image d’elle-même et des autres. Puis il s’agira de faire confiance à Dieu et aux autres et de prendre l’initiative dans la communication avec autrui.

Une autre qualité pourrait être celle de se rendre transparente et vulnérable: la personne aura la franchise et la liberté d’être elle-même, sans cacher ses faiblesses et sans avoir honte de ses lacunes. L’on citera aussi le fait d’entretenir une relation approfondie et voulue avec quelques confidents ou amis proches ainsi que de manifester un esprit de pardon et de miséricorde. S’engager et assumer des responsabilités (dans l’Eglise locale, par exemple) permet aussi de vivre une solitude non subie mais assumée.

Propos recueillis par David Métreau

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Avril 2021

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