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IVG: accompagner la femme sans influencer son choix

© Istockphoto
La thématique de l’IVG est loin d’être binaire. L’association Choices, basée à Londres, propose une réponse qui se veut la plus neutre possible.
John Bainbridge

Choices (choix) est un organisme confessionnel basé à Londres. Il œuvre à l’accompagnement et au soutien des femmes en crise liée à une grossesse. Son équipe professionnelle les aide à réfléchir à leur situation. Comment cette dimension confessionnelle impacte-t-elle le travail d’accompagnement sans permettre aux incompréhensions du débat de s’infiltrer? «Initialement, Choices a été fondé par un groupe de chrétiens de plusieurs Eglises sur une commune», explique la directrice Sophie Guthrie-Kummer. «Et nous continuons à travailler sur ce fondement chrétien très fort. Nous nous voyons comme une réponse constructive chrétienne au dilemme de la grossesse imprévue et de l’avortement.» Selon elle, cette réponse fait une réelle différence auprès des concernées. L’organisation prône les valeurs clés suivantes: compassion, soin et respect, «car on sait que Dieu nous offre la même chose», assure Sophie Guthrie-Kummer.

Est-ce que ces convictions limitent les types de profils de personnes dont l’organisme peut s’occuper? Non, Choices est ouvert à tous. L’équipe n’impose pas sa foi. Néanmoins, elle est ouverte à la discussion sur Dieu si les bénéficiaires le souhaitent, ce qui est assez souvent le cas. Les personnes ou les couples prenant contact avec l’association se trouvent en situation de crise imprévue. Les bénéficiaires découvrent l’existence du service soit par leur médecin, soit en faisant leurs propres recherches en ligne. Ensuite, «nous devons leur répondre aussi rapidement et avec autant de compassion que possible», explique Sophie Guthrie-Kummer. Un nombre important de femmes traversent une détresse suite à l’IVG: «La société ne comprend pas cette souffrance. Il est difficile d’en parler, de trouver une solution et d’en guérir.»

La directrice raconte comment une bénéficiaire, militante en faveur du droit à l’avortement, est passée par une IVG et n’était pourtant pas prête aux conséquences émotionnelles qui l’attendaient. Elle avait le sentiment profond d’avoir perdu quelque chose et se considérait ensuite comme une mauvaise militante, ajoutant à sa souffrance un sentiment de honte.

Aider à une réflexion saine

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Pour Choices, chaque histoire nécessite une approche individualisée. Il s’agit de les encourager à écouter leur propre intuition. «Nous les aidons à articuler leurs pensées avec leurs sentiments, pour pouvoir préparer une action qui leur permettra de se réconcilier avec elles-mêmes», décrit encore Sophie Guthrie-Kummer. Mais le but n’est-il pas toutefois de conduire une bénéficiaire vers un certain choix? «Non. Nous respectons le fait que nos bénéficiaires ont un choix. Légalement, elles ont ce choix. Notre rôle est de leur donner accès à autant d’informations que possible quant aux possibilités, y compris l’adoption, et de les aider à être en harmonie avec elles-mêmes», précise la directrice.

Trop souvent, les bénéficiaires seraient impactées par une sorte de coercition, dans un sens ou dans un autre. «Nous croyons que Dieu nous offre la même chose que nous offrons et qu’il y a une vocation à être une voix non-coercitive dans leur vie». Sophie Guthrie-Kummer poursuit: «Jésus ne cesse de s’approcher avec amour et respect de ceux qui se trouvent dans les marges de la société. Il ne les condamne pas.» La directrice étend cette problématique de jugement à l’Eglise au sens large: «C’est triste une Eglise où on ne peut pas partager sa douleur, trouver la grâce et guérir pour avancer. C’est ce que nous essayons de faire.» L’équipe constate que même si chaque histoire est unique, très souvent les bénéficiaires arrivent à réfléchir sainement à leurs choix, ressortir avec de l’espoir et avancer. Avec une approche similaire à celle de Choices, en Suisse et en France, l’association Agapa propose un soutien aux femmes et aux hommes qui en ressentent le besoin après avoir vécu une IVG ou une fausse couche. Loin du bruit des débats classiques pro-vie, pro-choix, existerait-il une place pour une prise en compte de la souffrance de l’autre?

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