Ils ont fait de la permaculture leur style de vie – Eric Toumieux
Un rêve holistique au Sénégal
Publicité
«Je ne peux pas être missionnaire chrétien aujourd’hui en Afrique et ne pas m’intéresser à l’agriculture, à l’appauvrissement des sols», assure Eric Toumieux, installé avec sa famille au Sénégal depuis vingt-deux ans. «Ici les Eglises ne parlent pas de la vie des gens, de l’agriculture, alors que la Bible a été écrite dans un contexte où l’agriculture et l’élevage rythmaient la vie économique et sociale.» Dans un quasi désert, à cent kilomètres de Dakar, seuls les baobabs semblent résister à l’aridité du sol. Les cent hectares du projet Beer Shéba sont un îlot de verdure. Depuis 2006, des dizaines d’agriculteurs ont pu se former dans cette ferme atypique où l’on apprend la permaculture.
Pour Eric Toumieux, à l’origine du projet, les techniques de paillage, de goutte à goutte, de réutilisation du fumier, sont «autant de façons de prendre soin du vivant et de la Création. Il s’agit de produire de la nourriture de la manière la plus proche possible de ce que Dieu aura désiré pour nous les êtres humains.» Une soixantaine de personnes vivent sur place et leurs besoins alimentaires sont pourvus par les légumes et la viande bio produite dans cet écrin de verdure.
Une vision de verdure
Bien que né dans une famille de planteurs d’arbres originaire de la Creuse, Eric Toumieux était bien loin de la terre et du monde agricole. Après des études en sciences politiques et en école de commerce, il était plutôt habitué à la vie en région parisienne. Mais engagé dans la mission comme membre de la Wycliffe puis ayant été directeur de World Vision Sénégal, le pasteur charismatique envoyé par l’Eglise de la Porte Ouverte de Mulhouse, cherchait une terre pour «incarner notre annonce de l’Evangile et trouver de nouvelles méthodes agricoles».
Avec un pasteur sénégalais, il est passé devant un terrain désertique d’un kilomètre carré réputé pour être maudit par les agriculteurs locaux et sur lequel rien ne pouvait pousser. Tous les deux ont simultanément eu la même vision: de la verdure, des arbres et des animaux sur ce terrain alors desséché. Pour les deux pasteurs, c’était une évidence: Dieu leur parlait.
Essaimer dans tout le Sahel
Aujourd’hui le projet a pris forme et Eric Toumieux et son équipe rêvent de voir d’autres Beer Shéba s’implanter dans tout le Sahel, avec toujours cet aspect multi-dénominationel. «J’aime cette idée d’un ministère complet: on implante l’Eglise, on prie pour les malades, on chasse des démons, on s’intègre dans l’économie locale, on crée un marché local. On essaie de produire de la nourriture pour les gens, les encourageant à vivre par eux-mêmes. On aide les pauvres. C’est une espèce de rêve holistique.» (DM)
Retrouvez les autres épisodes de la série d’articles notre site :
– Une démarche éco-solidaire chrétienne
– Une ferme, sur le toit d’un centre commercial
– Un jardin pour rencontrer son prochain