Ils en ont parlé
Imaginons un repas de famille. Et deux scènes pour le représenter. La première dépeint un dîner harmonieux qui serait sous-titrée comme ceci: «Surtout, ne parlons pas de la vaccination covid». La seconde scène représente la même famille dans un pugilat autour de la table avec ce texte «Ils en ont parlé…». Les amateurs d’histoire de France reconnaîtront l’allusion au dessin de presse de février 1898 décrivant la division de la société française entre dreyfusards et antidreyfusards durant l’affaire Dreyfus. Cette caricature pourrait malheureusement, non seulement représenter la fracture d’une société, mais celle de l’Eglise sur cette question, comme tant d’autres.
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En effet, plus encore que la glossolalie, Israël, le ministère féminin ou même l’accueil et la bénédiction des personnes homosexuelles, le sujet chaud pour de nombreux chrétiens est désormais la vaccination contre le covid-19. L’Eglise n’échappe pas au débat qui déchaîne les passions. Par sratégie ou par sagesse, certains évitent le sujet quand d’autres en font leur cheval de bataille. Des amitiés se délitent, des Eglises sont divisées et ne sont donc plus en communion à cause de cette fameuse question de la vaccination. Les liens fraternels sont mis à rude épreuve. L’épreuve du feu ou celle d’un séisme qui jauge la solidité d’un édifice. Et le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est fortement secoué. Il serait regrettable qu’il se fissure «pour si peu», au regard du trésor inestimable et infini qu’est l’Evangile de Jésus-Christ.
Bien sûr, les chrétiens ne sont pas imperméables aux tourments de la société. Ce ne sont pas des surhommes ou des esprits désincarnés. Mais ils sont encouragés à suivre l’exemple du Christ: «A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.» Il faut d’abord aimer vraiment avant de pouvoir ensuite parler vrai. Quel que soit le sujet, vais-je convaincre ma sœur, mon frère par du chantage et du sarcasme ou par un esprit de paix? Bien au-delà du sanitaire, dans ces temps incertains, les chrétiens ont un rôle à jouer, celui de parler de ce que Jésus a fait pour eux. Alors on pourra dire avec fierté: oui, ils en ont parlé.
David Métreau, rédacteur en chef
