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Dieu, un coupable tout désigné

Découvrez notre édito du mois de mars, qui s'interroge sur la place de Dieu au coeur d'une crise de foi.
Christian Willi

Je peine à oublier la discussion que j’ai eue avec un ami, peu avant son décès. Rongé par un cancer, il l’était visiblement aussi par sa révolte contre Dieu. Engagé dans la foi dans sa jeunesse, il avait tourné le dos à Dieu après une série de grosses déceptions.
Combien de croyants se sont retrouvés un jour en proie au doute ou à la colère contre Dieu ? Face aux épreuves de la vie, au sentiment d’injustice, la tentation est grande de se retourner contre lui, un doigt accusateur dressé en sa direction. Si l’on en croit la théologienne et coach Viviane Haenni, la moitié des croyants en crise rejetterait Dieu (lire notre dossier sur la crise de foi). Impossible de vérifier cette estimation. Pourtant, je ne suis pas vraiment surpris que la crise conduise un certain nombre de croyants au rejet de Dieu et de la foi. Face aux maladies qui semblent frapper au hasard, aux abus dont Dieu paraît ne pas nous avoir protégés et devant tant d’autres questions sans réponse, Dieu n’est-il pas le coupable tout désigné ou du moins idéal ? Contrairement aux procès où toutes les parties en conflit accablent l’autre en clamant leur innocence, Dieu reste de marbre. Sur le banc des accusés, il donne l’impression de ne pas vouloir se défendre. Il est dès lors plus facile de s’en prendre à un être éloigné, inaccessible et a priori impassible.
Ron Dunn, auteur de Quand le ciel reste silencieux (éd. Farel), nous invite toutefois à ne pas nous tromper de grille de lecture. Lorsque l’on a l’impression d’être en crise de foi, est-on sûr que le problème réside dans notre foi et non pas dans nos propres croyances ? Alors que la foi est une réalité objective, donnée par Dieu, nos convictions sont subjectives et fluctuantes. Elles peuvent nous piéger, nous jouer de mauvais tours.
Du coup, au temps de l’épreuve, il est préférable de prendre du recul, en nous tournant vers ceux qui nous ont précédés. Combien de héros de la foi ont été confrontés à des crises parfois majeures ? Abraham, Moïse, Elie, Jonas, le roi David n’y ont pas échappé. Relire ces récits ou leurs écrits nous rassure. On y trouve un chemin. Dans les Psaumes, David n’a pas hésité à faire monter sa colère et son incompréhension vers Dieu. Exprimer ses émotions et sa détresse ne contraint pas à «éliminer» Dieu. L’espérance demeure.

Christian Willi

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mars 2015

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