Des trous dans le système
Arthur était énervé. Il percevait confusément que le laxisme du bibliothécaire avait des conséquences sur la vie de millions de gens. Il avait envie de lui dire ce qu’il en pensait, mais il était conscient qu’ils avaient besoin de cet ange minuscule pour poursuivre leur enquête. Lui seul pouvait leur accorder l’accès à la gigantesque bibliothèque.
Ariel s’était approché des écrans. Il observait avec intérêt des tracés qui évoluaient constamment.
– A quoi correspond cet écran? demanda-t-il au bibliothécaire.
Celui-ci s’approcha en sautillant, grimpa sur un tabouret et scruta l’écran poussiéreux.
– C’est marqué, là: NT01.
– Et ça veut dire quoi, exactement?
Son interlocuteur soupira:
– Comment voulez-vous que je le sache? Il y a plein de livres dans cette bibliothèque, je ne peux pas me rappeler par cœur le code de chacun.
– Mais vous avez une liste, un moyen de savoir ce qui se cache derrière ces chiffres et ces lettres! s’énerva Ariel.
– Oui, il y en avait une, mais je ne sais plus où elle est. Le mieux est encore d’aller voir directement sur place si vous y tenez absolument.
– Un peu qu’on y tient! C’est par où?
Ils suivirent l’angelot jusqu’au fond de la pièce et s’arrêtèrent devant une porte métallique, bardée de nombreux capteurs et d’une caméra.
– Je dois vous demander d’enlever tout objet métallique que vous porteriez sur vous. Il est également interdit de faire entrer dans ce lieu tout système informatique, ordinateurs, caméras, enregistreurs, etc.
– Ça ne rigole pas! fit Arthur.
– Vous, je ne devrais pas vous laisser entrer! Vous n’avez rien à faire ici!
– Alors, pourquoi me laissez-vous entrer?
– Vous êtes plus grand que moi! fit le petit ange d’un ton résigné.
Il tapota sur un clavier, la porte s’ouvrit en chuintant. Ils découvrirent alors un long couloir éclairé par des baies vitrées. Certaines semblaient plus éclairées que d’autres. Il y en avait même qui scintillaient comme des arbres de Noël. D’autres n’émettaient qu’une faible lumière. Pour cette raison, le couloir était fréquemment noyé dans l’ombre.
Le bibliothécaire, habitué au spectacle, ne s’arrêta qu’une seconde sur le seuil. Déjà, il cherchait la référence NT01.
– C’est là, fit-il en désignant la première baie. Il grimpa sur un escabeau et lut péniblement l’inscription sur la plaquette: «Evangile selon Matthieu .»
Pierre-Yves Zwahlen
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Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui mars 2016
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