Derniers doutes
Seigneur, je ne comprends pas! J’avais cru que tu interviendrais, que tu me sauverais. Mais ils vont venir me chercher. J’entends déjà leurs pas dans le couloir de cette sinistre prison. Dans quelques instants, ils seront là!
J’avais cru que tu croyais en moi, que tu avais des plans pour ma vie. Si souvent tu m’as pris à l’écart avec Pierre et Jean. Nous avons été les témoins privilégiés de ta transfiguration, tu nous as confié des secrets qui demeuraient cachés aux autres disciples… et tout cela pour rien?
Je pensais que tu me formais pour que je sois capable de jouer un rôle important dans le développement de ton Eglise. Je brûlais de courir le monde en apportant aux hommes la bonne nouvelle de ta résurrection. Je rêvais de voir les foules t’acclamer comme Seigneur et Roi. Et me voilà au fond de cette cellule, attendant une mort anonyme et brutale.
Je n’avais pas compris, Seigneur, que c’est à ma mort que tu faisais référence quand tu nous disais que le serviteur n’est pas plus grand que son Maître et que nous devons porter notre croix si nous voulons te suivre.
Je n’avais pas compris que la fin viendrait si vite! J’étais prêt à mourir pour toi, mais pas tout de suite, pas maintenant, pas si tôt!
J’avais cru, Seigneur, que le chemin de service que tu traçais pour moi me mettrait au service de mes frères. Mais je découvre, étonné, que ce chemin s’élève, qu’il monte vers ta maison. Déjà,
j’entr’aperçois les portes de ton Royaume qui s’ouvrent à mon approche. Et j’entends ta voix qui me dit: «Jacques, j’ai besoin de toi ici, auprès de moi, dans ma maison.»
Seigneur, le soldat est prêt. Dans quelques secondes, il va frapper et ma tête rouler dans la poussière. Tout mon corps tremble de peur et de douleur anticipée. Mais mon âme est en paix, je sais que tu m’attends et que dans quelques instants nous serons réunis pour l’éternité.
Pierre-Yves Zwahlen
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – février 2014
Pour poursuivre la lecture, choisissez une des options suivantes: