De mal en pis…
Le petit bibliothécaire affichait une mine maussade.
– C’est pour ça que je ne viens plus ici. C’est trop déprimant! Avant, on avait des résultats magnifiques: les livres étaient lus en entier et régulièrement. Les lectures étaient majoritairement actives…
– Ah, le bon vieux temps! se moqua gentiment Arthur. Vous êtes sûr que c’était mieux avant?
– J’en suis certain, et les statistiques le prouvent. Je ne dis pas qu’avant, tout allait bien sur la Terre, mais les enfants des Maîtres lisaient les textes sacrés avec beaucoup de fidélité et de cœur.
– Mais peut-être que Matthieu est une exception? suggéra Ariel, que ce défaitisme gênait. J’ai bien connu l’auteur, il n’était pas très populaire de son vivant…
– Matthieu, une exception? Venez voir la suite!
Arthur et Matthieu suivirent le petit ange qui trottinait déjà vers la deuxième baie. Ses petites ailes qui tressautaient dans son dos lui donnaient une démarche comique.
– Regardez! Marc, pas mieux! Luc, même chose! Jean, un peu mieux, mais la sélection des textes est encore plus marquée. Actes des Apôtres, 43% pour les douze premiers chapitres, ensuite on tombe à 27%, dont 72 de lecture passive.
– C’est étonnant, j’aurais cru les humains plus friands de ce livre! s’étonna Ariel.
– Ils le lisent une fois en entier. C’est facile à lire. Ensuite, ils zappent!
– Et les lettres de Paul? demanda
Arthur plein d’espoir.
– Cela reste nos meilleurs scores! Avec les livres des Psaumes, ce sont les plus lus. Mais, là encore, la lecture passive est majoritaire.
– Pourtant, ces textes sont largement utilisés par les prédicateurs! s’étonna Arthur. Je me rappelle, de prêches forts longs et compliqués sur l’épître aux Romains.
– Vous avez raison, ces gens utilisent souvent les textes de Paul, mais ils sont compliqués. La plupart en restent à une lecture superficielle.
– Et l’épître aux Hébreux? questionna Arthur. J’ai toujours eu un faible pour cette épître.
– Alors, vous êtes bien le seul! Le taux de lecture est inférieur à 12%. Et je ne vous parle pas de Philémon, Jude, carrément catastrophique…
– Quel score pour l’Apocalypse?
– Cela dépend des modes. Aujourd’hui, le fantastique est populaire sur la Terre, alors on a davantage de lecteurs, mais c’est instable.
Ariel, qui s’était un peu éloigné, apostropha alors le bibliothécaire.
-Il y a quoi derrière cette porte?
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