Changes, 2Pac
«Changes» a été un tube posthume pour le rappeur 2Pac, assassiné à l’âge de vingt-cinq ans à Las Vegas. Il y dénonce justement la violence des gangs dont son assassinat s’est avéré être une conséquence. Le texte fait référence à la vie des jeunes Afro-américains qui grandissent dans des circonstances difficiles: le racisme, la spirale infernale de la drogue et de la violence… le rappeur exprime une approche pessimiste de toutes ces questions, en y introduisant un sample (extrait d’une autre chanson): «C’est comme ça, rien ne sera jamais comme avant.»
En fait, la chanson exprime une contradiction. L’auteur aspire à des changements tout en parlant de «l’époque de nos jeux d’enfants» avec nostalgie. Ce tiraillement est fréquent entre notre désir de retourner dans un passé familier et l’aspiration à changer ce qui peut l’être afin de cheminer vers un avenir prometteur. De nombreuses tensions restent ainsi irrésolues, dans la société et dans notre être intérieur. Si cette chanson a trouvé un tel écho auprès des auditeurs au fil des années, c’est certainement parce qu’elle évoque cette ambivalence sans complaisance. D’une part, 2Pac rappe: «On ne s’en sortira jamais à moins de faire cause commune. Il nous faut changer la donne.» D’autre part, quelques lignes plus loin, il assène: «C’est toujours pareil, rien ne change. Y’a pas moyen pour un frère de vivre en paix?»
Il affirme que le désespoir est inévitable, car le racisme et la méfiance à l’égard des personnes différentes sont enracinés au plus profond du cœur humain. Selon cette vision, il ne nous resterait plus que la violence comme riposte: «Ne les laisse pas t’énerver, te ridiculiser. Apprends à te défendre.» Néanmoins, en composant ce tube, 2Pac avait compris une réalité importante: «Je me demande comment rendre ce monde meilleur. Enlevons le mal qui habite les gens; ils feront le bien.» Si seulement nous avions la possibilité de déraciner «le mal qui habite les gens»! Mais n’est-ce pas justement un aspect de ce que le Christ est venu accomplir?
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2Pac, Changes
Je ne vois rien qui change
Je me lève le matin
Je me demande si la vie vaut la peine d’être vécue
Pourquoi ne pas me tirer une balle?
J’en ai marre d’être pauvre et pire encore d’être noir
J’ai la faim qui me donne mal au ventre
Alors je cherche un sac-à-main à voler
Les flics s’en foutent des négros
Appuie sur la gâchette, tue un négro
Tu deviens un héros
Donner du crack aux enfants
Tout le monde s’en fout
Une bouche de moins aux frais de la sécu
Donne-leur de la dope
Qu’ils vendent leurs frères
Donne-leur des flingues
Et planque-toi pour les regarder s’entre-tuer
C’est le moment de contre-attaquer disait Huey
Bam-bam dans le noir, maintenant Huey est mort
J’ai de l’amour pour mon frère
Mais on ne s’en sortira jamais
À moins de faire cause-commune
Il nous faut changer la donne
Apprends à me voir comme un frère
Plutôt que de penser comme des inconnus
C’est comme ça qu’il faut avancer
Comment le diable peut-il prendre un frère
Tout près de moi?
J’aimerais retourner à l’époque de nos
C’est comme ça. C’est tout.
C’est comme ça.
Ça sera jamais comme avant
C’est comme ça
Je ne vois rien qui change
Je vois des figures racistes
La haine, c’est déplacée
C’est la disgrâce des races
Nous subissons, et je me demande comment
Rendre ce monde meilleur
Supprimons le gâchis
Enlevons le mal qui habite les gens
Ils feront le bien
Les noirs et les blancs fument du crack ce soir
Le seul moment où nous passons
du temps ensemble, c’est quand nous nous tuons
Il faut du talent pour être vrai,
Du temps pour guérir
Et même s’il semble venu du paradis
Nous ne sommes pas prêts à voir un président noir
Ce n’est pas un secret, ne cache pas la vérité
Les prisons sont pleines, et remplies de noirs
Mais certaines choses ne changeront jamais
On essaie de te montrer une autre voie
Mais tu restes dans la drogue
Maintenant, dis-moi ce qu’une mère peut faire
Être vrai ne plaît pas au frère qui est en toi
Tu choisis toujours la voie de la facilité
«Je me suis fait 1000 dollars aujourd’hui»
Mais tes méthodes sont glauques
Tu vends du crack aux jeunes
«Il me faut de l’argent », tu dis
C’est comme ça. C’est tout.
Il nous faut du changement
Le moment est venu
Pour nous en tant que peuple
De changer les choses
Notre manière de manger
Notre manière de vivre
Notre manière de nous comporter
Les uns envers les aux autres
Tu vois, ce qu’on faisait avant ne marche plus
Donc c’est à nous de faire
Le nécessaire pour survivre
C’est toujours pareil, rien qui change
Ya pas moyen pour un frère de vivre en paix?
C’est la guerre dans la rue et au Moyen-Orient
Au lieu de combattre la pauvreté
Ils combattent la drogue
Pour que la police puisse m’arrêter
Et je n’ai jamais commis de crime
Si je pouvais faire autrement
Mais je reviens avec la vérité
Ne les laisse pas t’énerver, t’acculer au mur
Te casser avec du crack, te ridiculiser
Tu dois apprendre à te défendre
Ils sont jaloux quand ils voient ton portable
Mais dis aux flics qu’ils ne peuvent pas y toucher
Je n’ai pas confiance quand ils se ramènent
Je sors mon flingue
C’est le bruit de mon engin
Tu dis que c’est pas cool
Mais ma mère n’a pas élevé un idiot
Et tant que je serai noir, je dois me défendre
Et ne jamais baisser ma garde
Car il faudra toujours que je me méfie
Des retours de bâton
Des types que j’ai tabassés il y a longtemps
Qui reviennent vers moi après tout ce temps
Rat-a-tat-tat-tat-tat
C’est comme ça. C’est tout.
