Le bruit des sirènes anti-aériennes et des messages de prévention enjoignant la population d’Odessa, troisième ville d’Ukraine, à rejoindre les abris se mêle au son des cloches annonçant l’office dominical. Pas de quoi décourager les fidèles qui ont déjà bravé le froid de cette fin d’hiver pour se rendre à la cathédrale orthodoxe de la Sainte Dormition. Ce 23 février, à l’intérieur de l’édifice, la foule est dense et la prière fervente. Un homme en treillis militaire égrène son chapelet. Les intentions de prière griffonnées sur des petits papiers s’entassent sur une table. Pour la protection d’un mari parti au front? D’un fils? Pour une sœur, une fille, une nièce en exil à l’Ouest? Ou tout simplement pour la paix? Le prêtre confirme un regain d’intérêt pour la foi dans un pays meurtri par trois longues années de guerre.

Les bombardements visant le port tout proche, hautement stratégique pour le pays, car l’un des derniers sur la mer Noire, n’ont pas épargné l’Eglise chrétienne réformée de l’Exaltation située à 200 mètres de là. «Les vitres de l’Eglise ont été soufflées en juillet 2023 lors de frappes de missiles russes sur les installations portuaires», déclare l’un des diacres de l’Eglise. Le bâtiment d’une agence de travail temporaire, à moins de cinquante mètres, a été complètement détruit. Fin janvier, une frappe de missiles russes a fait sept blessés et endommagé l’hôtel Bristol dans le même quartier. Un bloc de béton antichar devant le bâtiment de l’Eglise évangélique matérialise les sombres heures que traverse le pays.