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Ces évangéliques qui ne votent pas et leurs raisons

© Istockphoto
Les Français s’apprêtent à voter, et les évangéliques ne représentent pas plus un bloc politique que leurs compatriotes. Certains font même le choix de ne pas voter. Éléments de compréhension.

Jérôme Prékel, du site évangélique Le Sarment, se préoccupe depuis des années du rôle du chrétien en politique. Il estime que «d’une manière générale, et étant donné le niveau de manipulation, de mensonge et de corruption qui règne dans le monde de la politique, il est bien compréhensible qu’un chrétien ne puisse pas, par motif de conscience, apporter son suffrage à un candidat opposé à ses valeurs morales, aux valeurs des Ecritures.» S’il constate que «l’électeur est souvent placé en situation de choisir le moins pire et que la question est au moins aussi morale que celle d’opter ou pas pour un vaccin dont la fabrication ne correspond pas avec l’éthique chrétienne», il se méfie du vote utile dont il comprend cependant le pragmatisme. «Sur le plan spirituel, il ne devrait pas être possible d’accorder son suffrage à celui des deux candidats qui fait, moins que l’autre, la promotion de valeurs anti-Christ: les deux sont normalement à proscrire.»

Pour Jérôme Prékel, un chrétien doit voter, mais doit s’assurer que le candidat choisi respecte ses valeurs, et à défaut voter blanc, car il estime que l’on ne peut pas imaginer pouvoir participer à la table de Dieu en même temps qu’à celle des démons. Une position qu’il ne veut cependant pas dogmatique mais au cas par cas.

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Des raisons spirituelles, mais aussi un désintérêt

Est-ce pour cela que des évangéliques refusent de voter? Philippe Siraut, chargé de projets Romandie pour le Parti évangélique suisse, constate que «certaines dénominations refusent de s’intéresser à la politique, car elles considèrent être dans un monde spirituel et ne pas avoir à se mêler des affaires du monde». S’il désapprouve cette position, il la respecte «car elle a au moins le mérite d’être réfléchie».
Mais d’autres raisons motivent l’abstention chez les évangéliques, selon Philippe Siraut, qui mentionne l’absence d’intérêt ou la défiance envers des élus, jugés comme étant «tous des pourris». Des prétextes selon lui: «Comme dans la société en général, certains ne sont tout simplement pas motivés par la politique: trop à faire, pour le boulot, pour la famille, pour les loisirs ou pour l’Eglise.» Une indifférence aussi mentionnée par Philippe Karoubi, délégué pour la Suisse romande du parti UDF, qui observe par ailleurs que des évangéliques ont «une attitude de réserve par rapport à l’éthique proposée par la majorité des partis».

Un constat complété par l’analyse de Thierry Le Gall, directeur du Service Pastoral du CNEF auprès des parlementaires français, pour qui «les évangéliques préfèrent les concepts simples et rapides à mettre en œuvre plus que les stratégies politiques qui se développent sur le long terme, d’où le sentiment que le politique n’améliore pas leur quotidien». Le pasteur constate également une crainte d’être instrumentalisé, nourrie par «une exégèse orientée des prophéties bibliques concernant la fin des temps».

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Avril 2022

Dossier: Présidentielles 2022
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