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Ce qui se trame derrière le comptoir des libraires

© GettyImages
Entre Pass culture, kindle, fin du Cd et numérisation, les libraires doivent s’adapter à la vitesse d’un 21e siècle capricieux. Tour d’horizon de quelques «gens du livre» français et suisses.
Rébecca Ebersold

Agée de plus de cinquante ans et d’arrière-plan protestant évangélique, la clientèle-type des libraires chrétiens français change de profil. En effet, selon le responsable parisien de la Maison de la Bible (MB) Jean-Marc Guyot, le pass Culture mis en place en 2021 ferait baisser la moyenne d’âge des clients. La subvention étatique française offre un capital de 300 euros aux jeunes de dix-huit ans, utilisables dans le secteur culturel. Depuis l’entrée en vigueur de ce dispositif, les jeunes – surtout des femmes – de quinze à dix-neuf ans représentent un cinquième de la clientèle de cette librairie.

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Merci aux influenceurs

Parmi les meilleures ventes avec le pass Culture: les livres sur les relations sentimentales, les méditations et les points de vue chrétiens sur l’islam. Le libraire de la MB souligne également l’efficacité des influenceurs: «Dès qu’ils mettent en avant un livre ou un modèle précis de Bible, on le ressent tout de suite.» Les Bibles restent, sans surprise, le numéro un des ventes. Selon lui, les ouvrages destinés aux enfants, et ceux sur la vie chrétienne sont aussi dans le top des ventes. Les achats de CD ont «énormément baissé», mais le DVD résiste encore avec quelques titres, notamment la série The Chosen.

Si Jean-Marc Guyot se réjouit de la progression économique de la Maison de la Bible France en 2023, la situation est différente chez les petits commerçants. En Suisse par exemple, la gérante de la librairie Le Sycomore à Neuchâtel, Danielle Vuilleumier, constate une baisse de fréquentation, liée selon elle à l’inflation et à la diminution du nombre de croyants. Pour sa part, Priscilla Pittet affirme que la librairie La Rosée à Cossonay «survit grâce aux dons et à son site internet».

Des techniques de visibilité

Afin de se faire connaître, les libraires tiennent des stands dans de nombreux événements, indique France-Isabelle Friderici de la librairie Au jardin du livre, à Morges (Suisse). D’autres essaient de rendre leur point de vente attractif en proposant des animations en magasin (des conférences ou des dédicaces, par exemple). A Paris, la librairie 7ici met volontairement en vitrine des livres d’actualité ou sur le développement personnel afin d’attirer les passants. Cette technique fonctionne, d’après Christelle Poujol. Enfin, plusieurs communiquent via les réseaux sociaux ou envoient des newsletters.

L’objectif de ces librairies est de se pérenniser, mais par-dessus tout, «d’honorer Dieu en mettant la littérature et les ressources chrétiennes à disposition de tous, pour que chacun puisse accéder à la foi puis la développer», rappelle Ollivier Quéruel, directeur général de la librairie et maison d’édition CLC France.

Les libraires se disent encouragés dans leur mission en accompagnant et en conseillant leurs clients. Parfois, des témoignages spontanés et marquants attisent leur motivation. «Une cliente est entrée dans un magasin en cherchant de la littérature ésotérique. Elle est repartie avec une Bible», raconte Ollivier Quéruel. «Un jour, une personne nous a volé une Bible lors d’un stand. En la lisant, elle a été interpellée par le sujet du vol. Elle nous a demandé pardon et est venue la payer», témoigne Priscilla Pittet.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2024

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