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Ce que les chrétiens pensent de l’écologie

© Sondage Ifop pour A Rocha & Parlons Climat
Les enjeux climatiques sont au cœur de l’actualité depuis de nombreuses années. Une enquête dévoile si les chrétiens se sentent plus ou moins concernés que le reste de la population française.
David Métreau

En France, une majorité de chrétiens est consciente de la crise environnementale et de la responsabilité humaine dans le changement climatique, selon une récente enquête réalisée par l’IFOP (Institut français d’opinion publique), Parlons Climat et A Rocha.

Quoique plus de la moitié des fidèles sondés attendent que leurs Eglises traitent du sujet du climat, seule une minorité d’entre eux lie écologie et vie de foi. Telles sont les principales conclusions d’une étude inédite en France sur les perceptions des publics chrétiens sur les questions de climat et d’environnement. Cette enquête d’opinion a dévoilé ses derniers résultats concernant les protestants en conférence de presse le 7 septembre. Il s’agit pour Jean-François Mouhot, directeur d’A Rocha France, organisation chrétienne de protection de la nature et de l’environnement, d’utiliser ces chiffres pour «mieux communiquer auprès du public chrétien» sur ces sujets.

L’échantillon des 379 personnes se déclarant protestantes a pu être comparé aux 484 sondés se déclarant catholiques et à 987 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Selon cette étude menée au printemps 2023, les perceptions des chrétiens ne sont pas très éloignées de celles de la population française générale concernant le changement climatique et ses causes. Ainsi, pour 67% des Français, le changement climatique est lié à l’activité humaine (65% chez les catholiques pratiquants et 63% chez les protestants) et pour 30% d’entre eux, ce changement est principalement dû à un phénomène naturel dont on ne peut pas forcément connaître l’origine. Seuls 3% des Français comme 3% des protestants (1% chez les catholiques pratiquants) estiment qu’il n’y a pas de changement climatique (graphique en haut à gauche).

Vers des Éco-Églises?

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Pour une majorité de chrétiens sondés (52% des catholiques et 58% des protestants, graphique en haut à droite), il incombe à l’Eglise de parler d’environnement et du changement climatique. En revanche, seule une minorité (20% chez les catholiques et 27% chez les protestants) estime que les réflexions écologiques et spirituelles se nourrissent l’une et l’autre, alors qu’un peu plus d’un quart d’entre eux déclarent ne pas déceler de rapport entre écologie et spiritualité. «Si le lien entre foi et climat n’est pas immédiat, une conciliation est envisageable», commente le politologue Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’IFOP. «La moitié des chrétiens souhaite que le thème de l’environnement et du changement climatique soit plus présent dans la vie de leur communauté. Cette présence est attendue de façon très concrète, en réponse à un besoin d’action face à l’enjeu, pour conjurer une impression d’impuissance assez partagée.»

Plus que la population générale (75%), 81% des catholiques et 82% des protestants – parmi ceux qui estiment qu’il y a un changement climatique – «aimeraient en faire plus» pour contrer la dégradation de l’environnement. Cette volonté d’action chez les chrétiens dépasse aussi l’ensemble de la population lorsqu’il s’agit de «pouvoir en faire plus» pour l’environnement (68% contre 57%, graphique en bas à gauche).

Si une très large majorité des chrétiens sondés acquiescent à l’affirmation suivante: «Prendre soin de la Terre c’est aussi prendre soin de mon prochain (92% des catholiques et 90% des protestants), près de la moitié d’entre eux estiment que «l’écologie est une nouvelle religion qui sacralise la nature et nie à l’être humain sa place unique dans la Création» (47% des catholiques et 44% des protestants, graphique en bas à droite). La même proportion de chrétiens affirme qu’à la fin des temps, «Dieu va créer une nouvelle Terre et la priorité est donc de sauver les âmes». Cependant, pour quatre chrétiens sondés sur cinq, les croyants sont «les gardiens de la Création» et doivent faire de leur mieux pour en prendre soin pour eux et les générations futures.

Une étude aux fruits à venir

Les résultats, publiés sur le site d’A Rocha, «vont permettre de cerner les leviers d’action et les points de résistance» du public chrétien sur les enjeux écologiques, précise Jean-François Mouhot. «Comprendre la spécificité du regard des catholiques et des protestants sur la transition écologique nous semble être un enjeu essentiel», assure également Lucas Francou Damesin, associé de Parlons Climat, une structure qui vise à convaincre de nouveaux publics de s’engager en faveur de l’environnement.

Pour Cléo Schweyer, doctorante en sciences de l’information et de la communication sur les appropriations de l’écologie en contexte chrétien, «la parole des Eglises et des responsables religieux est importante en ce qu’elle pourrait légitimer puis reformuler ces enjeux environnementaux, pour les inscrire dans une tradition qui les rend communicables au plus grand nombre de croyants».

Cette enquête, soutenue par les fondations FLAM (Foi, Lumière, Action, Ministère), Nuances d’avenir, et Bersier-Regards protestants, sera présentée dans les prochains mois auprès d’acteurs représentant les différentes sensibilités chrétiennes.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Novembre 2023

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