Ce jour-là, le tétrarque Constantin et son collègue Licinius, qui se partagent l’autorité sur l’empire romain, officialisent leur décision d’accorder la liberté de religion aux chrétiens. Cette reconnaissance formelle du christianisme est connue sous le nom d’édit de Milan. Celui-ci met ainsi fin aux sévères persécutions contre les croyants, décrétées par l’empereur Dioclétien au début de ce 4e siècle, déjà adoucies en 311 par l’édit de tolérance de l’empereur Galère.
Sans devenir religion d’Etat, le christianisme s’associe au pouvoir et s’institutionnalise. Il triomphe, certes, mais pas la foi chrétienne basée sur la Bible. En se structurant, la religion s’éloigne de l’Eglise primitive et s’accommode de compromis avec les croyances païennes qu’elle entend remplacer; ainsi la vierge Marie prend la place de la déesse Mère, et la naissance de Jésus coïncide opportunément avec les fêtes du soleil. A partir du cinquième siècle, la structure religieuse et sa hiérarchie rendent la tradition plus importante que les normes bibliques. Dès 406, un prêtre, Vigilantius, s’émeut de cet éloignement des Evangiles. Petit à petit, les rites religieux étouffent la foi et l’engagement personnel des disciples du Christ. Les croyants se contentent souvent d’adhérer à des formes établies.
Nul doute cependant que l’édit de Milan permet aux sociétés européennes de se construire sur les valeurs chrétiennes, comme le respect du prochain créé à l’image de Dieu. On en regrette d’autant plus les exceptions, ces horreurs faites au nom du Christ (inquisition et dragonnades) ou les approbations tacites que sont le commerce d’esclaves et le nazisme.

Michel Béghin

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – juin 2014

Commander S’abonner