Bourreaux de leurs bourreaux (Hugues Not)
Chacun sait aujourd’hui que la crise financière qui frappe le monde industrialisé est en fait une vaste opération planétaire de spéculateurs éhontés qui ont décidé de s’enrichir de manière outrancière en ruinant les économies nationales. Ceux qui sont parvenus à mettre à genoux les Etats-Unis, avec les subprimes, n’avaient d’autre but que de ruiner des épargnants, des propriétaires et même des banques.
Ce sont les mêmes qui ont décidé de s’enrichir encore en s’attaquant à l’Europe et à ses maillons faibles. Les Etats tentent de résister et injectent de l’argent là où les bourses sont percées. Ces Etats savent qu’ils tentent de remplir le tonneau des Danaïdes, mais ils n’ont pas d’autre alternative que de faire semblant de se porter au secours, pressés par une population étranglée. Certes, certaines économies et pratiques sont des erreurs dues à quelques idéologies absurdes, qui n’ont fait que miner des systèmes fragiles. Mais les vrais responsables sont les spéculateurs, qui n’appartiennent à aucun parti politique et ne peuvent donc être réglementés par des décisions politiques.
Ils sont au-dessus des principes, des lois et des scrupules, au service de leur ego démesuré, à tel point qu’il leur faudrait plusieurs centaines de vies pour dépenser l’argent qu’ils amassent impunément. Ils ne servent que Mammon qui, pour le coup, est un Moloch se nourrissant de sacrifices humains. Non contents d’être des prédateurs vidant sciemment leurs victimes comme des sangsues, qu’elles soient un petit épargnant, un retraité ou une nation tout entière, ils sont aussi des charognards, capables encore de spéculer sur les aides et les crédits que les agonisants réclament dans leur étouffement. Complices plus ou moins volontaires, certains politiques grappillent au passage quelque argent, tout en endormant le peuple avec des discours lénifiants et des «joujous par milliers».
Déjà à l’époque de la Révolution française, où les indignés sont sortis dans la rue et ont fini par couper les têtes de ceux qui les dirigeaient, on a vu apparaître la Bande noire. Il s’agissait d’une association de fieffés personnages qui, à partir de la mise sous séquestre des biens du clergé et de la noblesse, s’entendaient pour acheter à très bas prix les abbayes, les châteaux, les monuments d’art les plus prestigieux, les plus précieux, soit pour les conserver, soit pour les détruire et en vendre les matériaux. Même la cathédrale Notre-Dame de Paris a failli ainsi disparaître. Rien de nouveau sous le soleil. Mais si les actes et les histoires se répètent, si les conséquences produisent toujours les mêmes effets, si les travers entraînent les mêmes réactions, il faut s’attendre à ce que, la coupe étant pleine, les victimes finissent par devenir les bourreaux de leurs bourreaux. L’Histoire est sans fin et elle a souvent été bousculée par les Malcontents. Les chrétiens devraient être davantage sentinelles pour leurs frères, les hommes.
Hugues Not
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Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mai 2012
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