Il regarda longuement son épouse avant de se décider à lui parler. C’est que l’enjeu était d’importance et il avait un doute quant à sa réaction.
– Et si on vendait le champ?
– Notre champ? Mais c’est tout ce que nous possédons!
– Je sais, mais tu as vu la manière dont sont traités ceux qui ont tout abandonné pour le Seigneur? Crois-moi, notre avenir est auprès des apôtres, et la meilleure manière de se faire remarquer dans la foule des croyants est d’arriver avec une somme substantielle!
– Je suis d’accord, mais c’est tout de même un risque énorme! Imagine que le Sanhédrin entreprenne une action d’envergure contre la communauté et que nous soyons tous dispersés, que deviendrions-nous?
– Tu as raison de t’inquiéter et, crois-moi, je partage tes soucis. Il suffit de si peu de choses pour que tout s’écroule. Les arrestations de Pierre et de Jean m’ont vraiment secoué!
– Raison de plus pour ne pas vendre! Attendons un peu, on verra bien ce qui se passe. Si la communauté continue de progresser, alors nous pourrons toujours investir pour se faire une bonne place.
– Non, ce sera trop tard! C’est maintenant que les guides de demain sont choisis. Si nous attendons trop, nous passerons à côté d’une occasion unique, puis nous serons encore plus noyés dans la masse des croyants.
– Il y a peut-être une solution pour minimiser les risques. Le champ est bien placé, on peut facilement en tirer un très bon prix.
– Oui, j’ai déjà plusieurs acheteurs potentiels. Mais je ne vois pas ce que ça change!
– Personne ne saura combien on l’a vendu! Nous pouvons garder une partie de la somme pour nous, au cas où, et donner le reste aux apôtres. Qu’en penses-tu?
– Je pense que tu es un génie, Saphira! Je savais en t’épousant que je faisais une bonne affaire!

Pierre-Yves Zwahlen

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – décembre 2013

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