Comment croire encore aux informations du Journal Télévisé si la fiction s’y introduit sans prévenir, juste pour faire peur ou faire réfléchir? La question se pose depuis que RTBF, la très officielle télévision publique francophone de Belgique, a arrêté ses programmes pour un flash spécial, dans le décor du journal télévisé et avec les présentateurs et journalistes habituels, annonçant que le pays était désormais coupé en deux; la partition entre les Wallons et les Flamands venait d’être décidée par le gouvernement; enfin, le roi envisageait l’abdication et son départ de la capitale. Les images de la télévision, avec ses envoyés spéciaux devant le Parlement et devant le palais royal de Bruxelles, venaient cautionner l’invraisemblable nouvelle déversée en studio.
Or, on n’était pas un 1er avril et c’était là une immense mise en scène, laquelle dura plus d’un quart d’heure avant qu’un soulageant démenti soit annoncé. Mais durant le canular, les Belges ont été trompés, stupéfaits, atterrés pour certains, euphoriques pour d’autres. Les ambassades se sont affolées et des élus francophones étaient prêts à demander le rattachement de leurs provinces à la France!
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Selon la chaîne, l’objectif était de frapper l’opinion sur ce qui pourrait se produire à plus ou moins long terme.
Et voilà que, par ailleurs, articles et enquêtes sont publiés pour attester que les Américains ne sont jamais allés sur la Lune; que les images ont été filmées dans des décors tenus longtemps secrets; qu’il n’y avait là que propagande pour embellir les prouesses américaines sans parler de la volonté de faire un pied de nez aux Russes… Et si le journaliste et polémiste qui dit qu’aucun avion ne s’est écrasé sur le Pentagone le 11 septembre 2001 avait finalement raison?
J’avais toutes ces réflexions et ces questions en tête lorsque j’ai vu les images crues de la pendaison de Saddam Hussein. Enfin… Une partie de la pendaison puisque les diffusions se sont arrêtées aux préparatifs. Sans la diffusion par Al-Jazira puis sur internet de la vidéo pirate, sûr qu’un journaliste révélait dans les six mois que c’était une mise en scène et que l’ancien Président irakien coulait des jours heureux dans un luxueux hôtel d’Égypte. Ou peut-être que l’on a pendu qu’un sosie-martyr? Allez savoir.
À une certaine époque, on crédibilisait un événement ou un produit publicitaire (on ne sait plus trop où est la différence) par le slogan: «Vu à la télé». Désormais, les médias nous font douter de ce que nous entendons et même de ce que nous voyons, poussant la propagande et la manipulation à ses extrêmes.
Moi qui, comme Thomas, avait fini par ne croire que ce que je voyais, voilà qu’il me faut apprendre une nouvelle béatitude: «Heureux celui qui croit même après avoir vu… le contraire!»
Hugues Not

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Février 2007

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