Près de 600 postes de radio distribués pour la seule journée du 28 septembre. Depuis la fin de l’été, une radio locale chrétienne d’Erbil (Kurdistan irakien) s’est transformée en «service public» pour les réfugiés irakiens.
Les responsables de la radio locale New-Life, lancée il y a tout juste cinq ans, étaient loin d’imaginer le rôle incontournable que leur émetteur allait jouer lors de la crise irakienne. En janvier dernier, ils recevaient la visite d’Emmanuel Ziehli, missionnaire de Life Agape, et de Roland Vuilleme, pour une formation. Ensemble, ils ont cherché des solutions pour développer une audience quasi inexistante.
La vague de réfugiés qui a déferlé sur la ville s’est produite au moment même où ils s’interrogeaient sur les meilleures façons de rejoindre les habitants de la région. Puis, suite à une visite au Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés, la radio a commencé à émettre des informations pour favoriser le regroupement familial des réfugiés. Fini les programmes uniquement évangéliques qu’une petite communauté écoutait. Désormais, des programmes médicaux, sociaux et d’éducation ont enrichi la palette. «En allant à la rencontre des gens qui souffrent, la radio a vu son audience exploser», explique Emmanuel Ziehli, tout juste revenu d’Erbil.
Dans les camps de réfugiés et dans la région, tout le monde guette une information sur un proche. Les 2000 radios solaires (photo) dont disposait la radio New-Life ont été distribuées. La petite radio chrétienne a trouvé une nouvelle vocation; son rôle est reconnu et pris au sérieux par les autorités, les ONG et la population.

Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – novembre 2014

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«L’Irak, c’est l’enfer!»

Travailleur humanitaire, Volker Baumann témoigne que la situation en Irak est catastrophique. La vie humaine n’y a plus aucune valeur et s’y rendre pour apporter de l’aide représente un très grand risque.

L’enfer. C’est ainsi que Volker Baumann résume la situation en Irak. Engagé dans l’aide humanitaire au sein du Comité d’Action pour les Chrétiens Persécutés (CACP) depuis des années, il a connu bien des crises, mais aucune n’équivaut à ce qui se passe en Irak. Il est revenu le 4 septembre de Dohuk, dans le Nord de l’Irak.
Des morts innombrables, des personnes déplacées en masse, des camps de réfugiés insalubres. Un partenaire du CACP à Bagdad témoigne avoir échappé de peu à la mort à deux reprises, le 7 septembre: lui et son épouse sont passés juste à côté de deux véhicules lorsque ceux-ci ont explosé. Leur décès aurait mis en péril le travail d’aide humanitaire du CACP sur place. Volker Baumann confie qu’il est de plus en plus difficile et pesant pour lui de ne pas savoir si ses partenaires - et amis - sur place sont encore en vie.
Les collaborateurs des ONG sont des cibles de choix pour les attentats et enlèvements. La raison dissuade de nombreux Occidentaux de se rendre en Irak, surtout à Bagdad. Mais en tant que chrétiens, peut-on et regarder la souffrance et le désespoir de loin, sans agir?

Situation sans espoir La situation semble particulièrement désespérée pour les jeunes irakiens. Pour Volker Baumann, «la plupart de ces jeunes n’ont humainement parlant aucun avenir». Sur place, il a rencontré de nombreux enfants qui rêvent de devenir médecins ou ingénieurs. Ces enfants ont été confrontés à la destruction et à la mort, ont côtoyé des blessés graves et traversé les montagnes à pied, sous le soleil brûlant, pour sauver leur vie. Par leur travail, ils veulent aider à reconstruire leur pays; mais sans formation scolaire, cela risque d’en rester au stade du rêve pour bon nombre d’entre eux. D’après un expert, plus de 90% des enfants sont lourdement traumatisés, et les conséquences pour le pays sont difficiles à prévoir.

René Progin