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Retour vers le présent

Chaque mois, Pierre-Yves Zwahlen donne vie à un personnage biblique. Retrouvez lequel

La première chose qui le frappa fut le noir complet dans lequel il était plongé. Il ne se souvenait de rien, si ce n’est un long couloir, des lumières vives, des voix douces, puis une impression de chute vertigineuse, hallucinante. Et soudain le noir. Le noir absolu. Et maintenant, ce silence. Ce silence qui s’insinue partout, qui vous remplit la tête et menace de la faire exploser. Ce silence qui vous donne conscience de votre existence, mais vous prive d’un univers dans lequel l’exprimer. Ce silence qui vous tient suspendu entre l’avant et l’après, entre la vie et la mort. Un silence de mort?
Il essaya d’ouvrir les yeux, mais ses cils raclaient sur une sorte de tissu qui semblait recouvrir son visage. Pourtant, il ne suffoquait pas. L’étoffe était donc légère. Il tenta de bouger la tête, remuer les jambes. Mais là, dans le noir, il manquait de repères. Bougeait-il vraiment, ou n’était-ce que le fruit de son imagination? Il ne souffrait pas. Il avait l’impression d’être en bonne santé. Son corps – mais avait-il un corps? – semblait intact, juste déconnecté de la réalité et de son vouloir, un peu comme quand on s’éveille brutalement d’un sommeil trop profond. Peut-être rêvait-il? Il tenta de se pincer pour voir s’il était capable de ressentir la douleur. Mais son bras semblait être entravé, comme attaché sur sa poitrine.
–CREDIT–
C’est alors que l’odeur l’assaillit. Etrange qu’il ne l’ait pas remarquée plus tôt! Une odeur putride, sucrée et acre tout à la fois. Il se mit à haleter, cherchant désespérément un peu d’air frais, une goulée d’air pur. Mais impossible d’échapper à cette gueule puante penchée sur lui et qui déversait les miasmes d’un corps en décomposition.
Il était pourtant étonnamment calme. La brusque panique qui l’avait envahi l’instant d’avant s’était dissipée, comme une brume d’été s’envole à la première brise.
Le temps semblait être étranger au lieu dans lequel il se trouvait. Pourtant, il était certain de n’être ici que depuis un très court laps de temps. Des images, ou plus exactement des sensations, lui revenaient par bouffées. Un lieu de bonheur, un calme serein, une beauté magnifique, une impression d’accomplissement, de plénitude. Alors, pourquoi cet endroit obscur? Cette prison solitaire? Cette odeur infecte?
Un bruit l’arracha à ses pensées. Juste un raclement lent, insistant, persistant. Et puis, soudain, un roulement de tonnerre, un ébranlement sonore qui écrasa ses tympans, suivi immédiatement d’un jaillissement de lumière qui l’aveugla et le plongea dans une nouvelle obscurité, rayonnante celle-là. Et puis, cette voix, sa voix: «Lazare, sors!»
Pierre-Yves Zwahlen

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – juin 2009

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