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Que pensent les agriculteurs chrétiens du loup?

© GettyImages
Sous le feu des projecteurs depuis la Votation sur la révision de la loi sur la chasse de 2020, l’abattage du loup fait actuellement couler beaucoup d’encre. Regards croisés de chrétiens concernés.
David Nadaud

Le 3 janvier dernier, un loup a été braconné dans le canton de Vaud. Le Temps a indiqué que sa carcasse a été découverte à Avenches, tout en rappelant que l’Etat de Vaud condamne fermement le braconnage.

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Explosion démographique

Elie Zürcher est commerçant à Cormoret, dans le Jura bernois, mais il est également propriétaire d’un petit troupeau de brebis qui a subi une attaque en septembre: «J’ai été réveillé par les bruits du troupeau et j’ai tout de suite remarqué que quelque chose clochait. J’ai eu de la chance, le loup m’a seulement pris deux moutons sur douze.»

En 2020, la Suisse comptait onze meutes pour un peu plus de cent loups. Actuellement, les meutes sont au nombre de trente-deux pour environ trois cents loups et le nombre d’attaques a triplé sur la même période. En novembre, le Conseil fédéral a adopté une révision de l’ordonnance sur la chasse afin de ramener la population de loups à un niveau maîtrisable. Une décision qui fait débat, car elle va à l’encontre de la votation du 27 septembre 2020, par laquelle le souverain s’était exprimé à 51,9% contre la révision de la loi sur la chasse.

Des avis partagés

Elie Zürcher se désole: «On ne peut pas avoir trop de loups, ce n’est pas possible, surtout dans un petit pays comme la Suisse.» Toutefois, tous les agriculteurs ne partagent pas cet avis; Florian Nicolet, à la tête d’une exploitation agricole comptant 70 brebis laitières sur les hauteurs du Jura, nuance: «Nous devrions apprendre à vivre avec. On a réintroduit le cerf, qui s’est très rapidement multiplié, et donc le loup a aussi son rôle à jouer au sein de la chaîne alimentaire. L’être humain a cette fâcheuse tendance de vouloir tout réguler tout le temps.»

Florian Nicolet et son épouse Nadine sont des agriculteurs sur des terrains notamment habités par le lynx. «Nous avons décidé de nous spécialiser dans le petit bétail et avons donc adapté nos barrières. Voilà des années qu’on sait que le lynx attaque parfois des bêtes, mais personne ne le crie sur les toits.»

Dans le courant de l’été, trois attaques ont eu lieu aux alentours de l’exploitation de Florian Nicolet, mais ses brebis ont été épargnées. «J’ai l’impression que la main de Dieu est sur notre exploitation», indique le jeune père de famille. Sans vouloir entrer dans le débat, il constate néanmoins que certains loups se «spécialisent» dans la chasse du menu bétail et conçoit qu’il est nécessaire d’abattre ces loups. Il ajoute également que s’il avait affaire à une meute de loups, il n’exclut pas un changement de discours.

Des perspectives bibliques

Au-delà des questions pratiques, Elie Zürcher évoque des considérations bibliques: «Je pense souvent à l’histoire de David, qui n’a pas laissé les fauves attaquer son troupeau. De plus, selon la Genèse, l’homme a reçu le mandat de la gestion du règne animal.» Florian Nicolet en tire d’autres conclusions: «Le berger a la responsabilité d’emmener son troupeau dans de verts pâturages et de le protéger. C’est ce que je fais et je le protège notamment en ajoutant des fils à mes barrières. Je sais que Dieu s’occupe du reste.» Et de citer, non sans sourire, Esaïe 11, 6: «“Un jour le loup paîtra avec l’agneau, la panthère avec le chevreau”. C’est vers cela qu’on tend, bien que cette réalité soit actuellement impossible. Mais si on peut vivre une cohabitation paisible des deux côtés de la barrière, ce sera déjà un beau signe de ce qui vient.»

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Février 2024

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