Peut-on se passer des médecines parallèles?
Caroline s’est rendue à l’hôpital à cause d’une sérieuse brûlure. Sur place, elle se voit proposer de contacter un faiseur de secret. En effet, une liste de personnes possédant cette faculté de soigner est à disposition de tout patient qui la demanderait; c’est du reste le cas dans la quasi-totalité des hôpitaux suisses-romands. Or Caroline est venue à l’hôpital parce qu’elle ne voulait justement pas recourir aux services d’un guérisseur.
L’immixtion de soins ancestraux au cœur d’un établissement où s’exerce une pratique scientifique reflète bien l’ampleur que prennent les systèmes médicaux alternatifs dans notre société. La revue Science et avenir a répertorié en France plus d’une vingtaine de centres hospitaliers (soit dix en province et quinze en Île-de-France) dans lesquels on propose au moins une consultation de médecine complémentaire. Hanspeter Nüesch, coordinateur de Campus pour Christ, confirme que ces médecines sont de plus en plus admises dans les hôpitaux suisses.
Pour cette raison, il devient difficile de ne pas y avoir affaire: même si ces soins ne sont pas remboursés par les assurances-maladies, seule une minorité de médecins ne les prescrivent pas à leurs patients. Infirmière en hôpital, Karin constate: «Dans mon métier, on a constamment affaire à ces thérapies. Par exemple, mes collègues se forment aux médecines chinoises et les proposent aux patients.»
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Les limites de la médecine en question
Une autre raison pour laquelle les soins alternatifs semblent même être devenus indispensables est l’impuissance que l’on peut parfois constater dans la médecine traditionnelle. Dans une enquête de L’Hebdo de juillet 2006, Jacques de
Haller, président de la Fédération des médecins suisses (FMH), avançait l’argument du résultat: «Les hôpitaux pratiquent une médecine de premier recours, dans des conditions de détresse et d’incertitude et n’ont donc pas réponse à tout. Si une autre solution existe, il serait idiot de ne pas y recourir». L’affirmation de Jacques De Haller correspond vraisemblablement à la perception d’une bonne partie de la population: en effet, qui n’a jamais entendu parler du succès immédiat de l’invocation du secret par téléphone en cas de brûlures ou
d’hémorragies? Même si le secret fait partie d’une branche marginale des médecines alternatives (comme l’acupuncture, l’homéopathie ou le reiki), il met cependant bien en évidence l’enthousiasme croissant pour ces thérapeutiques.
L’attrait exercé par les médecines parallèles provient aussi du fait que la pratique traditionnelle est marquée par une dichotomie entre le corps et l’esprit; en se focalisant sur des pathologies ou des organes, elle ne prend pas assez en compte l’homme dans sa globalité alors qu’il est attesté que certaines maladies ne sont pas seulement physiques, mais psychiques également. Or, les médecines alternatives semblent plus indiquées pour les malades qui privilégient une approche
globale ou holistique.
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