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«Petit à petit, l’esprit CNEF gagnera les cœurs et les mentalités»

© DR
L’annonce a été faite en assemblée plénière le 11 décembre: Christian Blanc, pasteur pentecôtiste, sera le nouveau président du Conseil national des évangéliques de France (CNEF) dès le mois de juin. Il succède ainsi à Etienne Lhermenault. Entretien.
David Métreau

Quel est votre parcours de foi et de ministère?
Mes parents fréquentaient l’Eglise réformée de France, dans une région où il y a un temple tous les cinq kilomètres, près de Royan en Charente-Maritime. J’ai connu la Bible et la foi très tôt. Mes parents ont ensuite rejoint une Assemblée de Dieu (ADD) quand j’avais douze ans. Deux ans plus tard, j’ai pris la décision de suivre Dieu et de le servir.
Parallèlement, ce qu’on appelle une vocation ou un appel s’est inscrit en moi. C’était devenu un fardeau intérieur. Après mon service militaire, j’ai commencé mon stage pastoral à Tarbes aux côtés d’un pasteur qui lui-même venait à l’origine d’une autre union d’Eglise. Il m’a donné cette influence d’ouverture aux autres chrétiens. J’ai poursuivi ma formation pastorale dans le Lot-et-Garonne, avant d’arriver à Niort en 1978 où j’ai été reconnu pasteur par les ADD. J’y suis resté sept ans. Je suis ensuite allé à Valence pendant un an, puis je suis parti en Ariège où j’ai été pasteur pendant vingt-six ans.

Comment avez-vous rejoint le comité représentatif du CNEF?
En 2012 j’ai pris ma retraite administrative, c’est-à-dire que depuis cette année-là, je ne suis plus en charge d’une paroisse. L’Union nationale des Assemblées de Dieu de France (UNADF) m’a alors contacté. Elle recherchait un président pour succéder à Alain Denizou. J’ai accepté.
C’est ainsi que j’ai rejoint le comité représentatif du CNEF. Statutairement dans les ADD, c’est le rôle du président ou du secrétaire d’y siéger. A partir de juin, je vais devoir démissionner de ma fonction chez les ADD pour prendre la présidence du CNEF.

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Quels sont, selon vous, les principaux défis pour l’année à venir?
Je vais d’abord m’atteler à connaître toutes les unions d’Eglises. Il y a encore des liens à tisser. Un autre défi sera celui de la transmission. Je ne serai là que pour un mandat de trois ans, non renouvelable. Comme je suis depuis six ans dans le comité représentatif, statutairement je devrai quitter ces fonctions dans trois ans. Une transmission est à préparer pour les jeunes en particulier.
Un autre, parmi les nombreux défis, c’est celui de la mondialisation et des flux migratoires qui amènent un grand nombre de cultures dans les Eglises évangéliques. Il y a aussi tout un travail à faire à ce niveau. Enfin, nous allons continuer à œuvrer pour que les évangéliques soient présents et visibles auprès des autorités et des administrations.

La mission du CNEF est-elle bien comprise localement?
Il y a des variantes selon les lieux, parce que localement, il y a des histoires d’Eglises et de paroisses. Ces histoires sont parfois douloureuses et le CNEF n’est pas toujours le bienvenu. Pourtant, la volonté c’est bel et bien de faire évoluer ces situations, ceci dans le but que la demande de pardon à l’origine du Conseil national des évangéliques de France finisse par se répandre partout.
Nous avons des délégués du CNEF dans 70 départements. Seuls quelques départements vivent encore ces histoires douloureuses. Il faut travailler pour que ce qui a été vécu à Nogent-sur-Marne se vive dans tel et tel département.

Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est vécu à Nogent-sur-Marne et de quelles demandes de pardon il s’agit?
L’Alliance évangélique française et ce qui s’appelait alors la Fédération Evangélique de France (FEF) - aujourd’hui Réseau FEF - avaient invité les pentecôtistes et toutes les sensibilités évangéliques pour une réunion, dans le but d’apprendre à se connaître et à échanger. Cela se passait en 2001 dans la chapelle de l’Institut Biblique de Nogent-sur-Marne. Lors d’une deuxième réunion, quelqu’un s’est levé et a soudainement demandé pardon, en particulier aux ADD parce qu’il y avait eu quelques «gentillesses», notamment dans des articles et dans des livres.
De retour chez eux, mes collègues ADD ont proposé de formuler de manière officielle une demande de pardon à ces autres évangéliques, non-pentecôtistes. Cela a été voté à l’unanimité en convention nationale. C’est le point de départ. Mais la démarche s’est vécue en région parisienne et n’est pas encore descendue dans tous les départements de France.

Cet événement semble relever du miracle…
C’est le bon mot. Il m’arrive parfois d’aller dans d’autres pays européens et donc de raconter cette histoire. Mes interlocuteurs ont des yeux ronds et demandent: «Comment vous, Français, qui descendez si facilement dans la rue, avez réussi à réunir dans un même organisme des non-pentecôtistes, des pentecôtistes et d’autres dénominations encore?» Je réponds que nous ne savons pas.
Ce n’étaient pas des stratégies d’unions, c’est arrivé spontanément. Nous pensons réellement que la main de Dieu est derrière. Il a poussé les choses. Tout à coup, les recherches des uns et des autres ont trouvé un point de convergence. Cela devait être dans le calendrier du Ciel.

Quels sont les fruits de ces convergences?
Les gens découvrent qu’ils ne sont pas seuls. J’en ai vu certains rencontrer des chrétiens évangéliques d’autres unions et découvrir qu’ils ne sont pas adversaires mais qu’ils ont une plateforme théologique très voisine. Les doctrines fondamentales de la Bible rassemblent. Des semaines de prière ensemble, des cultes en commun ont vu le jour. Je pense que petit à petit, l’esprit CNEF gagnera les cœurs et les mentalités mais il reste encore du chemin à parcourir.

Quel passage de la Bible vous vient en tête quand vous pensez à vos nouvelles responsabilités?
Un texte est dans ma tête en permanence: «Cette Eglise est une colonne qui proclame la vérité, un lieu où elle est fermement établie» (1 Tim. 3, 15). Cette mission de témoignage dans le monde, c’est celle du CNEF, c’est la priorité des priorités. Le témoignage de l’Eglise de Jésus-Christ dans toutes les strates de la société, dans tous les départements, partout en France.

Propos recueillis par David Métreau

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui janvier 2019

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