Pays-Bas: une rare «Bible des esclaves» exposée à Utrecht
L’ouvrage a été publié en 1807 à Londres, à l’attention des missionnaires chrétiens exerçant dans les colonies. Il s’agit d’une sélection d’extraits bibliques expurgée de tous les versets évoquant la liberté et l’égalité.
L’une de ces «bibles des esclaves» est actuellement visible aux Pays-Bas, à Utrecht, au musée national néerlandais de l’art, de la culture et de l’histoire du christianisme. L’université de Glasgow (Ecosse) la prête dans le cadre d’une exposition sur la musique gospel.
Les éditeurs avaient fortement modifié le contenu biblique afin de supprimer les références à la liberté et à l’égalité des êtres humains. Cette version exclut ainsi 90% de l’Ancien Testament et 50% du Nouveau Testament. Par exemple, l’on n’y lira pas: «Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni libre, il n’y a ni homme ni femme, car vous êtes tous un en Jésus-Christ» (Gal. 3, 28).
La page d’introduction annonce des «extraits sélectionnés de la Sainte Bible à l’usage des esclaves nègres (traduction littérale, ndlr) dans les Iles britanniques des Indes occidentales». Les versets tels que celui de l’épître aux Ephésiens 6,5 ont sans surprise été retenus: «Serviteurs, obéissez à vos maîtres selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme à Christ.»
La principale théorie sur le contexte de la création de cette bible est que les esclavagistes des Caraïbes s’étaient opposés à ce que des missionnaires puissent annoncer l’Evangile, qui parle de liberté et d’amour, aux esclaves d’origine africaine qui leur appartenaient. L’objet, très fragile, est exposé à Utrecht jusqu’au 16 janvier 2023.