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Les chrétiens s’organisent et offrent une aide concrète

© MERATH_Facebook
États en défaut de paiement: face aux pénuries alimentaires, les chrétiens deviennent le sel de la Terre, parfois au sens littéral.

La crise économique qui a sévi en Argentine entre 1998 et 2002 a montré la fragilité d’un pays développé à économie de marché. Une forte récession couplée à une inflation ont engendré une grande pauvreté. Depuis, Buenos Aires est entré plusieurs fois en défaut de paiement, incapable de payer les intérêts de sa dette. Une situation qu’a connue la majorité des Etats au cours des siècles. En 2020, un record a été atteint avec six pays, dont le Liban. Cette année, le Sri Lanka a également fait défaut sur sa dette. Face à de telles situations, les Eglises et ONG chrétiennes évangéliques se mobilisent pour soutenir les populations locales.

Argentine: Le rôle de l’église

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Plus du tiers de la population argentine vit aujourd’hui dans la pauvreté et le nombre d’Eglises évangéliques, surtout pentecôtistes, ne cesse de croître dans le pays. Il y en a aujourd’hui plus de 5000 rien que dans la ville de Buenos Aires où vivent trois millions d’habitants. Cette attractivité des Eglises est en partie due aux actions sociales qu’elles mènent depuis 2001. Il y a quatre ans, le gouvernement a demandé aux Eglises d’aider à distribuer de la nourriture dans les quartiers les plus démunis de la capitale. «Les évangéliques ont un discours qui répond davantage à la crise. Beaucoup de fidèles passent par le réseau de l’aide sociale, trouvent du travail ou du confort dans la communauté», observe Marcos Carbonelli, sociologue des religions à l’Université de Buenos Aires, selon qui la classe politique connaît cette réalité et l’utilise.

L’Eglise évangélique congrégationaliste d’Argentine (IECA) compte environ 6000 membres à travers le pays et se développe rapidement. Elle a instauré le programme «Mains de la solidarité» pour fournir de la nourriture, des vêtements et une aide financière aux familles vulnérables. Les chrétiens participent à des ateliers de couture et de tricot pour recycler des vêtements légèrement abîmés avant de les offrir. Au plus fort de la pandémie, l’IECA a réorienté ce programme vers la fourniture de denrées alimentaires non périssables aux familles les plus précaires.

Liban: une aide holistique

Le Liban était déjà en banqueroute avant le covid et avant l’explosion dans le port de Beyrouth en 2020. La nation faisait face à l’afflux de réfugiés syriens. De 2018 à 2021, son PIB était passé de 55 à 19 milliards, selon la Banque mondiale. Le pays, dont les importations alimentaires proviennent à plus de 60% d’Ukraine, est porté par sa diaspora et les ONG, notamment chrétiennes. Suite à l’explosion dans le port en août 2020, les Eglises ont participé aux travaux de déblaiement et de reconstruction, ont réconforté les gens dans leurs besoins matériels et leur ont fourni des bibles.

L’économie libanaise avait déjà été secouée par l’arrivée de réfugiés syriens. L’ONG chrétienne Medair fournit des abris aux réfugiés syriens au Liban ainsi que des supports psychologiques, médicaux (dont la vaccination), alimentaires et une aide aux personnes à faible mobilité, mais ne travaille pas forcément avec les Eglises, souligne le responsable Moyen-Orient de l’organisation, Johan ten Hoeve, basé à Lausanne. En revanche, des Eglises baptistes locales épaulent l’ONG chrétienne MERATH dans l’aide aux réfugiés en fournissant chaque mois des bons alimentaires à 300 ménages et des couches à 200 familles avec bébés (photo). Frère David, issu de l’une des Eglises locales, s’enthousiasme: «Ce qui me fait avancer, c’est de voir les fruits de notre ministère. Parce que nous sommes une Eglise et non une organisation, nous assistons à des changements drastiques dans la vie des personnes que nous servons - des changements dans leur personnalité et dans leur point de vue sur le christianisme et les chrétiens. Mais ce qui me rend le plus heureux, c’est de voir quelqu’un de nouveau donner sa vie à Jésus comme résultat indirect de notre travail.» Alors que les chrétiens sont tentés de fuir le Liban, le pasteur Walid Zailaa de la Faith Baptist Church de Mansourieh les encourage à rester: «Comment pouvons-nous accomplir la volonté de Dieu si vous n’êtes pas ici?»

Sri Lanka: la discrimination religieuse en plus de la pauvreté

Au Sri Lanka, déjà affamé par l’effondrement économique, le sort des convertis provenant d’un autre arrière-plan religieux n’est pas enviable. L’ONG Barnabas Fund rapporte qu’une mère de famille avait supplié un marchand de lui vendre un kilo de riz à crédit avant de découvrir une fois chez elle que ce dernier, un ancien coreligionnaire, y avait ajouté des crottes de rat. Sans rien d’autre à manger, elle avait dû faire cuire le riz. Son pasteur en a informé les partenaires locaux de Barnabas Fund, qui ont pu lui faire parvenir un paquet de nourriture.

Le rôle des chrétiens

Cette présence charitable dans une acception biblique implique notamment d’aider les nécessiteux de façon atemporelle, en temps de crise ou de calme, comme l’indique la Bible dans toute son histoire, souligne Luc Maroni, responsable du CNEF-Solidarité. Cet ingénieur social rappelle que trop souvent les chrétiens croient que Jésus a demandé de ne pas faire aux autres ce que l’on ne voudrait pas subir, alors que c’est là une sentence de Confucius. Le Christ, rappelle Luc Maroni, a prêché une parole positive: «Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le de même pour eux» (Luc 6, 31). Et cela, quels que soient les temps.

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