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«Le covid long m’a appris à tout remettre à Dieu»

© Istockphoto
Souffrant de lourds symptômes physiques, les malades ont besoin de soutien spirituel et pratique. Témoignage.
Celia Evenson

Pour les personnes atteintes de covid long dites les «covid long» (CL), la pandémie n’est pas terminée. Ils seraient deux millions en France selon Santé publique France et 144 millions dans le monde. Pour l’association Long Covid Suisse, 2% des malades du covid ne sont plus aptes à travailler. Forcément, certains sont dans nos Eglises. Alors, que vivent-ils? Comment les épauler ou leur tendre la main?

Lâcher prise à contrecœur

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Ludiwine a croisé la route du virus à l’hiver 2020. Depuis, elle «vit avec ce colocataire indésirable et jusqu’à présent indélogeable». C’est la prolongation des symptômes dans le temps qui a conduit les médecins à poser le diagnostic. Elle explique: «J’ai failli mourir, mais j’ai réalisé que si j’étais encore là, c’est que Dieu avait encore des projets pour moi.»

La jeune femme dynamique doit lâcher prise sur tout. Ses responsabilités et ses loisirs lui manquent, elle a parfois le sentiment d’être devenue inutile. Elle passe par différentes phases, mais ne perd jamais espoir, même si elle éprouve de lourds symptômes physiques. L’affection nouvelle, méconnue, engendre chez certains médecins le déni d’une maladie réduite à des problèmes psychologiques. Pour être soignés, les personnes souffrant de covid long doivent lutter.

La relation de Ludiwine avec Dieu, elle, ne faiblit pas: «J’ai appris beaucoup de choses, notamment à ralentir, à tout remettre à Dieu.» Elle décide d’utiliser son épreuve pour témoigner que sa joie et sa foi ne dépendent pas des circonstances.

Comment les aider?

Pour soutenir la personne malade, elle encourage les chrétiens à faire comme ses amis, qui veillent sur elle avec une discrétion et une bienveillance qu’elle apprécie, lui parlant d’autres choses que de sa maladie. La jeune femme conseille «d’écouter les CL pour pouvoir comprendre. Prier. Les croire sans douter de leurs souffrances, et surtout, sans les minimiser.» Proposer une aide pratique pour les courses, les déplacements – certains patients ne pouvant plus conduire ou se retrouvent même en fauteuil roulant – tout en respectant leur autonomie.

Faciliter l’accès et aménager leurs responsabilités au sein de l’Eglise. Tolérante face aux maladresses, Ludiwine dénonce la fausse spiritualité qui donne des ordres à Dieu pour la guérison et rendrait ainsi le malade responsable de sa maladie. Une communauté de CL s’est formée, qui cherche des solutions partout. «J’assiste presque impuissante à la floraison de l’occultisme qui s’immisce sur les réseaux sociaux dans les groupes de malades», confie-t-elle. Une situation qui l’attriste, car «sans s’en rendre compte, ils mettent le doigt dans l’engrenage de souffrances spirituelles qui s’accumuleront à tous leurs maux.»

Certains CL, désespérés, partent se faire euthanasier. Ludiwine nous interpelle: «Quand j’apprends le suicide d’un malade, je ne peux m’empêcher de me demander où sont les chrétiens et que fait l’Eglise…» Pour, elle, la solution de fond, c’est l’annonce de l’Evangile, en actes d’abord, puis en paroles. Car elle sait qu’il y a une espérance pour les CL, un Dieu qui peut tout, même guérir, à sa manière et dans son temps. En attendant, elle l’affirme: «Il tend la main à chacun pour l’aider à surmonter l’épreuve qu’il traverse.»

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Juillet – Août 2023

Dossier: Post-covid: premier bilan possible?
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