Lors de l’édition 2021 du séminaire Discerner les temps qui a eu lieu du 17 au 19 septembre à Yverdon, Rick Ridings (photo), orateur et compositeur installé à Jérusalem a exhorté les chrétiens à «se protéger contre la peur et la panique» en s’engouffrant «dans la fente du rocher de Dieu». 

Selon lui, les chrétiens ne sont encore qu’au début «des douleurs de l’enfantement pour la fin des temps». Il encourage à persévérer dans la prière: «Il est important pour les intercesseurs de nous rappeler que nous sommes dans une guerre et non une bataille.» Les chrétiens sont appelés selon lui à prier pour la paix là où les tensions régionales sont importantes: au Moyen-Orient, mais aussi en Mer de Chine. «Nous devons aussi cette année, plus que jamais, persévérer dans notre amour pour Dieu et les uns pour les autres.»

Une vision qui se précise

Tom Bloomer est revenu sur la vision qu’il avait reçue en 2019, celle d’une dépression économique profonde, confirmée selon lui en 2020 (Christianisme Aujourd’hui avait évoqué le sujet dans ses colonnes). «Je n’ai jamais autant espéré avoir tort», confia-t-il. «Mais j’ai reçu trop de confirmations pour croire à cela.» Selon lui, l’Eglise n’est pas prête pour faire face à une crise d’une telle ampleur. «Pourtant, elle ne devrait pas être une surprise. La Bible dit en
1 Pierre 4, 12: “Bien-aimés, ne soyez pas surpris, comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver.”» Cette catastrophe économique qu’il pressent comme comparable à la crise de 1929 aura lieu au plus tôt l’année prochaine, selon lui. 

Il propose aux chrétiens de se préparer mentalement, mais aussi de façon pratique: «Il faut que les familles chrétiennes se mettent ensemble, cinq par maisonnée. Si deux d’entre elles sont au chômage et perdent leurs revenus, les trois autres assurent les rentrées financières pour tous.» L’ancien recteur de l’Université des nations de Jeunesse en Mission encourage les chrétiens à forger des amitiés et des relations solides dès maintenant. «Si les gens nous voient soudés dans la foi, dans l’amour, l’espérance, ils vont se tourner vers Dieu par des foules immenses. Nous n’avons pas le droit d’être passifs: nous devons faire notre part.»

L’Eglise doit prendre sa place

Jean-Marc Bigler, agriculteur engagé dans un ministère de délivrance a à son tour fait part de son fardeau pour l’Eglise. «Où est la soif de Dieu? Où est le Seigneur qui transforme les vies?» Il encourage les croyants à prier les uns pour les autres et à oser parler d’un Dieu qui transforme et amène la résurrection. «J’ai l’impression que l’Eglise doit se convertir, se réformer. Bien sûr que l’Eglise n’est pas parfaite, mais elle doit prendre sa place.» 

Face aux diverses crises du monde, l’évangéliste Bob Ekblad encourage quant à lui les chrétiens à s’humilier et à entrer dans une démarche de repentance. Il appelle à rejeter les esprits impurs du nationalisme, de l’orgueil ethnique et de la colère. Actif auprès des marginaux, il encourage les chrétiens à sortir de leur zone de confort pour être reçus comme prophètes. Andreas Keller, responsable du ministère de la Schleife à Winterthour, a témoigné de la nécessité de se retirer au désert pour retrouver du tranchant spirituel. Il est convaincu que revêtus de la puissance du Saint Esprit «nous pouvons modifier l’atmosphère des lieux où nous vivons».

Face à la crise du covid, Dieu juge parfois nécessaire de «redescendre» d’un cran, assure David Bouillon, pasteur réformé et professeur de théologie pratique et spiritualité à la HET-PRO. «C’est dans le désert que Dieu a montré sa fidélité.» Il a mis au défi l’auditoire de se souvenir de cet extrait d’une prière médiévale reprise par diverses communautés de diaconesses: «Pénètre-toi de l’esprit des Béatitudes: joie, simplicité, miséricorde.»

A l’image de la reine Esther

Ce Belge de naissance a proposé un survol du livre d’Esther dont est tiré le thème du séminaire «car, si tu te tais maintenant, le secours et la délivrance surgiront d’autre part pour les Juifs, et toi et la maison de ton père vous périrez. Et qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté?» (Est. 4, 14). David Bouillon a en outre mis en lumière la colère mentionnée dans ce livre et dont les conséquences peuvent être terribles de la part du roi ou de Hammam.

«Face à cette colère, Mardochée est calme et confiant, imprégné de l’esprit des Béatitudes. Avons-nous l’esprit de Mardochée en nous? Esther aussi est entrée dans sa dimension prophétique. Et nous? Sans la dimension prophétique d’Esther, le peuple juif serait mort. Sans la dimension prophétique nous sommes morts.» La colère est normale mais si on lui laisse le champ libre, elle va devenir destructrice, souligne encore David Bouillon. 

«Il y a aujourd’hui des chrétiens en colère parce que leur frère n’est pas vacciné. Il y a aujourd’hui des chrétiens en colère parce que leur frère est vacciné.» L’enjeu aujourd’hui c’est l’unité. «Quand on loue, il n’y a pas de place pour la colère.»