Chronique d’Hugues Not, La gabegie de Cachan
On parle partout de la mondialisation et de la globalisation, du libre échange et de la libre circulation. Mais les définitions concernant ces concepts restent floues et incertaines. On parle aussi du monde comme d’un village, des ponts et des passerelles qu’il faut édifier entre les peuples et les continents, mais il serait bon de savoir ce qui est imaginé derrière ces images presque pieuses.
Et parlant de piété, dans les Églises, on nous sermonne sur l’amour du prochain, sur l’accueil de l’étranger, sur la solidarité et la fraternité chrétiennes, mais la mise en pratique reste difficile. D’autant que plus on tend la main, plus les discours sont universels et plus les réflexes identitaires et le sectarisme isolent les hommes les uns des autres.
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Il faut combattre, dit-on, le racisme, l’antisémitisme et toutes les formes de xénophobie ; c’est le message de tous les hommes politiques qui osent ces propos sans rougir de l’hypocrisie qui devrait pourtant les étouffer. Car l’actualité dément les dires, les beaux discours et les promesses.
Exemple : les étrangers en situation irrégulière parqués à Cachan, en France. On les a difficilement relogés. Ministres, préfets, maires, leaders politiques, médiateurs
et autres animateurs sociaux : tous y sont allés de leurs bons conseils et de leurs bonnes volontés. Mais toujours en pointant les autres décisionnaires responsables, lesquels ne sont jamais dans le camp politique auquel on appartient. Et il a fallu qu’un humoriste imitateur piège, au téléphone, préfet et maires pour découvrir l’instrumentalisation des étrangers à des fins bassement politiques et électoralistes. On s’en doutait un peu, mais ! Promontoires ou peaux de banane, voilà comment on utilise le drame des immigrés et des déracinés.
Dans ce genre de situation, on ne sait d’ailleurs plus qui utilise et exploite l’autre, qui piège et qui tire les ficelles, qui provoque et qui riposte. Mais on va continuer
à parler du village mondial et de la solidarité, de l’amour du prochain et du respect de l’homme.
Tous égaux ! Chaque démocratie a intégré cette réalité et s’en gargarise. En attendant, il faut aussi gérer le problème des sans-papiers, de l’immigration clandestine, des sinistrés des pays pauvres qui cherchent refuge dans les Eldorados de pacotille des nations nanties.
Alors j’ai du mal avec ces notions de solidarité, d’humanité, de fraternité, de lutte contre l’inégalité des chances, des guerres contre les mentalités racistes : j’ai l’impression que l’on se fiche de nous ! Et je n’ai plus envie d’entendre des leaders donner des leçons de morale et d’éthique sur ces beaux principes-là ; parce que j’ai l’impression qu’on passe son temps à fustiger leur absence chez les autres au lieu de les mettre en pratique soi-même.
HUGUES NOT
Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Novembre 2006
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