Appel à la prière trop dérangeant
Depuis fin février, des musulmans radicaux s’en prennent au ministre des Affaires religieuses, dont un décret vise à réduire le niveau sonore des appels à la prière dans les mosquées. Bien que les musulmans représentent près de 88% des habitants et les chrétiens 11%, la Constitution reconnaît la liberté religieuse et un décret de 1965 pénalise le blasphème contre six cultes, dont l’islam, le protestantisme et le catholicisme. Si des violences sont exercées contre les minorités dans certaines régions, le gouvernement tente de préserver la paix sociale. Ainsi, début janvier, le vice-président Ma’ruf Amin, le ministre des Affaires religieuses Yahut Cholil Qoumas et le gouverneur de la capitale Anies Baswedan, ont inauguré six maisons de prière de différents cultes à l’université de Pancasila.
Accusé de blasphème
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Ce paysage religieux relativement calme sur l’ensemble du territoire n’est cependant pas exempt de frictions, notamment autour de l’appel à la prière. Les autres communautés religieuses et de nombreux musulmans sont mécontents du bruit qui perturbe le travail, les loisirs et le sommeil des riverains. En août 2018, une bouddhiste a été condamnée pour blasphème après avoir critiqué le bruit des haut-parleurs de la mosquée proche de son domicile. Le 21 février dernier, le ministre des Affaires religieuses a signé un décret réglementant le volume sonore de l’appel à la prière. Yaqut Cholil Qoumas a rappelé qu’il fallait tenir compte de la diversité des croyances. Le volume ne doit plus dépasser les 100 décibels (bruit d’un avion à réaction décollant à 300 mètres) et la qualité du son doit être bonne. Selon le ministre, le but est «d’accroître la paix, l’ordre et l’harmonie entre les citoyens». Dans plusieurs villes, des photos du ministre ont été piétinées par des foules de manifestants. Un élu du Parti démocrate a déposé plainte pour s’opposer à cette législation.
La loi sur le blasphème est utilisée pour régler des comptes et même pour démettre des responsables politiques. En 2017, le gouverneur de la capitale, Basuki Tjahaja Purnama, avait été condamné à deux ans de prison après avoir dit que le Coran n’empêchait pas les musulmans d’élire des non-musulmans.