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Un christianisme qui s’adapte aux airs du temps

© GettyImages
Contextualisation et déformation de la Bible sont parfois trop proches. Les chrétiens sacrifient-ils l’évangile pour plaire au monde? Parti pris.

W okisme, postmodernisme, individualisme, tant de concepts qui semblent souvent se trouver en porte-à-faux avec les valeurs chrétiennes sur le champ de l’éthique. Forgée au cours des siècles par le christianisme, l’Europe occidentale est aujourd’hui largement sécularisée. L’une des conséquences: on ne peut plus parler de morale au singulier, puisqu’il existe une diversité de valeurs qui évoluent rapidement.

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Morale-girouette

Existe-t-il une morale universelle détachée du christianisme? Le philosophe allemand Emmanuel Kant, théiste, avait révolutionné la philosophie morale en la déliant de la révélation pour ne la valider que par la raison. Une approche qui se traduit notamment par son célèbre précepte: «Agis de telle sorte que tu puisses aussi vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle.»

Cet impératif catégorique d’Emmanuel Kant ne semble pas s’opposer aux vertus chrétiennes. De fait, il la rejoint même largement, mais il peut aussi être utilisé contre les principes défendus par le christianisme.

Folie des valeurs chrétiennes

Cette utilisation des vertus chrétiennes dans une éthique libérale a déjà été critiquée par l’écrivain catholique Gilbert Chesterton en 1908. Il explique que l’ébranlement de l’ordre religieux du monde a conduit à la libération des vices, mais a surtout déformé les valeurs chrétiennes: «Les vertus, elles aussi, brisent leurs chaînes, et le vagabondage des vertus n’est pas moins forcené et les ruines qu’elles causent sont plus terribles. Le monde moderne est plein d’anciennes vertus chrétiennes devenues folles.»

Aujourd’hui, nos sociétés multiculturelles connaissent des valeurs morales venues d’autres pays et sont confrontées à de nouvelles revendications qui mentionnent le respect et la justice, tout en désignant sous ces noms d’autres valeurs que celles que défendait la chrétienté. Si les droits humains proviennent du christianisme qui promeut la dignité humaine, ce vocable est aujourd’hui employé pour justifier l’euthanasie, par exemple.

Non seulement les valeurs morales sont devenues multiples, mais les valeurs chrétiennes sont désignées comme rétrogrades, voire extrémistes. Une évolution contre laquelle mettait en garde le maréchal français Jean de Lattre de Tassigny: «A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l’Evangile nous devons notre idée même de l’homme. Si nous renions l’Evangile, nous sommes perdus.»

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2024

Dossier: En quête de (la) vérité

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