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Stabilité, expérience et vision: les fruits de la longévité dans le ministère

Michel Varton, Philip Kapitaniuk et Christian Bussy
© DR
A une époque où changer d’emploi est devenu la norme, il n’est plus courant de trouver des gens occupant les mêmes postes durant plusieurs décennies. Rencontre avec trois personnes qui ont fait preuve de longévité au sein de leur œuvre ou Eglise.
Nicolas Fouquet

Jeune retraité, Michel Varton a passé trente-sept ans à Portes Ouvertes France, dont la plupart en tant que directeur. «Si on m’avait dit à l’époque que je resterais aussi longtemps, je n’y aurais pas cru», confie-t-il. L’homme aime les nouveaux défis. Au service des chrétiens persécutés, il va être servi. «L’intérêt est toujours resté», explique le natif de York en Angleterre.

Il liste alors les évolutions qu’il a connues. «Après la chute du mur de Berlin, nous nous sommes tournés vers le monde musulman; l’équipe en France est passée de quatre personnes en 1983 à vingt-sept à mon départ. Sur la fin, nous avons beaucoup œuvré dans le domaine du plaidoyer.» Tous ces changements ont contribué à renouveler sa motivation, alors même qu’il demandait chaque année à Dieu si sa place était toujours là.

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Un engagement assidu

La passion pour la mission fait aussi toute la différence. «Je trouve que c’est fascinant de travailler un texte et de se dire qu’il va pouvoir impacter des vies», s’émerveille de son côté Philip Kapitaniuk. Le directeur éditorial de BLF Editions travaille en continu depuis 1989 dans l’association créée par son

père, quand il s’agissait encore d’une imprimerie et qu’elle ne portait pas le même nom. Il pensait ne revenir qu’un temps pour dépanner, puis partir enseigner la théologie. Finalement, il occupe encore le même bureau trente ans plus tard. «Je n’ai changé la moquette que l’année dernière», s’amuse-t-il.

Arrivé en 1993 comme pasteur à l’Eglise évangélique apostolique de Genève, Christian Bussy vient tout juste de prendre sa retraite au début de l’année 2021. «Par le passé, nous devions changer de communauté tous les cinq à sept ans, mais la règle s’est assouplie à partir du moment où il y a un désir mutuel de continuer ensemble», détaille-t-il.

Le fait d’avoir occupé le même poste durant plusieurs années était loin d’être synonyme d’ennui pour lui. L’achat de nouveaux locaux au début des années 2000 a créé un nouvel élan pour la communauté et l’homme a pris des responsabilités au sein du Réseau évangélique suisse, en parallèle de sa tâche pastorale.

Vision bien imprégnée »

Pour Christian Bussy, si l’on reste longtemps à un même poste, il est important de demeurer ouvert au changement. «Les années passent et les besoins évoluent. Il ne faut pas sacraliser les habitudes», estime-t-il. Michel Varton a perçu le même danger dans son parcours. Par ailleurs, dans les débuts l’ambiance était spéciale selon lui, surtout du temps de Frère André: «Il y avait un côté pionnier», se souvient celui que certains s’amusaient à appeler le «dinosaure».

Mais cette pérennité n’entraîne pas que des risques. Elle apporte de la stabilité. Philip Kapitaniuk souligne en effet le bénéfice qu’il y a à connaître l’histoire de la structure. «Sans que ce soit enfermant, on peut raconter d’où l’on vient et pourquoi on fait les choses de telle manière», explique le père de famille nombreuse. L’ancien directeur de Portes Ouvertes France abonde également dans ce sens. «Avec les années, on est bien imprégné de la vision. On peut veiller à ce que l’organisation ne perde pas son âme.» En restant plusieurs décennies au même poste, la personne peut facilement finir par être identifiée à son ministère. C’est ainsi que lors d’une grande réunion du CNEF Strasbourg, quelqu’un a pu dire à Michel Varton qu’il était «le symbole de l’Eglise persécutée».

Ce genre de rapprochement peut servir la cause et n’est pas forcément une mauvaise chose tant que la personne concernée garde le recul nécessaire. «Portes Ouvertes ne m’appartient pas, même si j’y ai passé du temps», confie Michel Varton. «Cela appartient à Dieu et aux gens qu’il appelle à conduire l’œuvre.»

Après de nombreuses années, la relève…

Et quand l’heure du départ approche, il est important de préparer au mieux la relève. Christian Bussy souligne dans son cas le rôle joué par l’équipe pastorale pour que la transition ne repose pas que sur des individualités.

Du côté de BLF Editions, cette prise de conscience est encore toute récente. «On commence à préparer des processus pour transmettre ce que l’on sait et ne pas être indispensable», explique Philip Kapitaniuk, à qui il reste quelques années seulement avant la retraite.

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2021

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