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Les femmes dans l’Eglise: en théorie et en pratique…

Femme pasteure
© iStock
Les récentes nominations de femmes à la tête de l’EERS et de la FEEBF relancent le débat de la place de la femme dans l’Eglise. L’évolution est en route, mais l’égalité est-elle acquise?

En novembre 2020, Rita Famos a été la première femme à être élue présidente du Conseil de l’Eglise évangélique réformée de Suisse (EERS). Deux mois avant, Joëlle Razanajohary est également devenue la première femme secrétaire générale de la Fédération des Eglises évangéliques baptistes de France (FEEBF). C’est l’occasion de revenir sur l’accession des femmes à des postes à responsabilité dans l’Eglise, et sur la situation actuelle.

L’évolution a lieu mais l’égalité n’est pas acquise

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«Ces nominations sont le signe d’une évolution positive», se réjouit Sylvaine Landrivon, docteure en théologie et chargée d’enseignement. Pour cette catholique engagée pour la cause des femmes, «au-delà de l’importance de donner la parole aux femmes pour enseigner et transmettre l’Evangile, il est urgent de partager les responsabilités. Les Eglises de la Réforme ont cinquante ans d’avance sur les catholiques, et pourtant tout n’est pas résolu!»

Ce que confirme Joëlle Razanajohary: «Ces nominations sont-elles le signe d’une évolution? Oui. Sont-elles le signe d’une égalité acquise? Non. Elles montrent qu’on accepte l’idée qu’une femme puisse avoir un rôle de direction. Mais tant que la théologie ne va pas dans le même sens, il y a le risque d’un retour en arrière.» Elle cite l’exemple de Madeleine Blocher-Saillens, première Française reconnue pasteure en 1929 à Paris: «Elle l’a été dans des circonstances spécifiques, après le décès de son mari. Quand elle a quitté le poste, l’Eglise baptiste du Tabernacle a rétropédalé et statué que la femme n’avait pas sa place dans les ministères d’autorité. Aujourd’hui, l’Association baptiste ne reconnaît toujours pas le ministère féminin.»

30 à 40% de femmes pasteurs

En Suisse romande, la première pasteure protestante a été consacrée à Genève en 1929 également. Mais ce n’est qu’en 1968 que les femmes ont pu exercer à elles seules la responsabilité d’une communauté. Aujourd’hui, la proportion de femmes à ce poste en Suisse se situe entre 30 et 40%. «L’égalité n’est pas atteinte, mais la mixité, acquise progressivement, a contribué à faire évoluer la profession», relève Lauriane Savoy, assistante doctorante en théologie pratique et auteure d’un mémoire sur l’accès des femmes au ministère pastoral au sein de l’Eglise protestante de Genève. Mais pour l’égalité, il reste du travail: «L’égalité des droits est acquise au sein des Eglises protestantes suisses, mais le nombre croissant de femmes pasteurs n’est pas sans provoquer de remous aux relents misogynes et l’égalité effective reste souvent un vain mot dans les instances dirigeantes», écrit-elle.

«De plus, certaines Eglises chrétiennes refusent toujours de considérer les femmes comme les égales des hommes. La question est donc loin d’être close… »

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Mars 2021

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