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La culture ambiante fait renaître les Jesus people

Concert de louange de Sean Feucht - Let Us Worship à Portland
© capture vidéo YouTube Sean Feucht
Dans le sillage de la pandémie, un nouveau Jesus movement semble émerger à la suite des Jesus people, ces hippies convertis dans les années 1960 et 1970. Avec le même héritage? Enquête.
Charlotte Moulin

Le Jesus people movement (Mouvement du peuple de Jésus) prend ses racines à la fin des années 60 en Californie. Dans un contexte anticonformiste, des milliers de jeunes sont désillusionnés par le christianisme traditionnel, rapporte Oscar Merlo, chercheur à l’école de théologie Talbot en Californie. Touchés par cette souffrance, plusieurs hippies chrétiens zélés descendent dans les rues prêcher l’Evangile.

Ici et là s’ouvrent des lieux de vie où tous peuvent venir manger, parler, dormir et écouter l’Evangile. Les jeunes hippies viennent inonder ces nouveaux lieux de culte, où ils gardent leurs styles de musique favoris pour louer Dieu, notamment avec les guitares et les percussions (rock, reggae, soul). On assiste alors à des conversions et à des baptêmes par centaines.

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La culture n’est pas durable

Pour certains, le contexte actuel est un peu similaire à celui des années 60-70. Les responsables du New Jesus movement cherchent à «revigorer la foi de ceux qui ont perdu tout intérêt pour l’Eglise, et de ceux qui en ont marre de l’Eglise sur Zoom», assure Meagan Clark, rédactrice en chef du magazine Religion Unplugged. Et en 2020 comme cinquante ans plus tôt, d’immenses rassemblements aux Etats-Unis ont débouché sur des centaines de conversions et de baptêmes.

Ann Wolf, soixante-sept ans et ancienne Jesus people, déclarait alors: «Je pense que nous sommes à l’aube de ce même phénomène. Les dépendances sont en hausse, les suicides aussi et nous voyons une culture aujourd’hui qui est tout simplement immorale. Ce n’est pas durable.»

Jonathan Hanley, pasteur et écrivain versé dans les courants évangéliques «alternatifs» observe que la conception du rôle du Saint-Esprit des New
Jesus people autoproclamés de l’année 2020 est la même que dans les années 70. Ils prônent à leur tour une œuvre du Saint-Esprit «dans la spontanéité, l’immédiateté de la conversion,
du baptême et de l’engagement.»

Réseaux à travers le monde

En France, Jonathan Hanley rappelle la mission de Gérard Peilhon, «troubadour de l’Evangile» décédé en juillet. Son œuvre musicale itinérante et le journal qu’il a contribué à fonder, Jeunesse Libérée, ont participé à répandre l’esprit du Jesus movement en francophonie, selon le pasteur.

«On retrouve aussi l’héritage des Jesus people dans des structures comme l’Abri, fondé en Suisse en 1955 pour les partisans de la contre-culture en quête de l’Evangile», ajoute Jonathan Hanley. D’autres structures ont défié le temps en gardant les mêmes valeurs. C’est le cas du réseau Calvary Chapel (Chapelle du Calvaire), fondé en 1965 en Californie, qui compte aujourd’hui 17 000 Eglises dans le monde. Quatre chapelles du Calvaire sont présentes sur le sol suisse et six en France. En Australie, les motards de la God’s Squad assurent depuis 1970 des prédications itinérantes à destination des personnes marginalisées. En Angleterre, la Jesus Army est issue en droite ligne du Jesus movement.

A l’instar de la communauté Jesus people USA à Chicago, qui depuis 1972 vient en aide aux toxicomanes, aux prostituées et aux anciens détenus, seules les communautés qui ont «gardé des normes rigoureuses dans le domaine de la morale et de l’éthique ont su se préserver des écueils et des excès», note Jonathan Hanley. D’autres ont subi différents abus et scandales. Via les New Jesus people ou sous d’autres formes, «dans la puissance du Saint-Esprit, l’Eglise doit continuer à agir comme influenceuse et co-créatrice de la culture», encourage Oscar Merlo. 

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui Novembre 2021

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