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La prière de guérison: une thérapie complémentaire parmi d’autres?

Le créneau «alternatif» bénéficie aussi aux Églises, surtout aux mouvements de masses visibles. Mais ces derniers sont réticents à se profiler dans le médical
Joël Reymond

La guérison est devenue un thème central du monde de la croyance. Le créneau est là et il bénéficie aussi aux chrétiens, forts de leur approche holistique de la santé. On voit ainsi se développer des cultes («liturgies») de guérison jusque dans le milieu réformé, à Genève, par exemple. La prière en Église est pratiquée partout et ne crée pas beaucoup de vagues mais c’est plutôt les phénomènes exotiques ou massifs qui attirent l’attention du grand public et des chercheurs: typiquement, les rencontres de l’Association Internationale des Ministères de Guérison à Malley (AIMG) et les chambres de guérison qu’elle a développées. Les sociologues en particulier s’intéressent de près au phénomène, qu’ils rangent, sans surprise, dans le rayon des thérapies complémentaires.
Dans l’hôpital où travaille Karin (voir article précédent) et qui offre le secret à ses patients, la prière chrétienne est par contre interdite, contenu «religieux» oblige. Au vu de la situation, les guérisseurs chrétiens ne gagneraient-ils pas à se profiler plus clairement dans le domaine médical? Pour l’heure, des ministères comme l’AIMG se profilent dans le domaine spirituel ou religieux, puisque l’évangélisation reste une priorité pour eux et qu’ils entendent travailler de concert avec la médecine traditionnelle; mais, étonnamment, des ouvertures vers le médical se multiplient.
–CREDIT–
Les hôpitaux au courant
Jean-Luc Trachsel, son président suisse, a été invité, aux côtés de guérisseurs, dans des panels de discussion ici, par un hôpital, là par une école polytechnique ou encore par un groupe d’aumôniers œcuméniques. «Les hôpitaux nous connaissent et c’est dû surtout au bouche-à-oreille. Le mouvement est lancé», s’enthousiasme le Fribourgeois qui précise encore que son association cherche toujours le meilleur chemin à suivre. Et de citer l’exemple d’un invalide lausannois remis sur pied dans une chambre de guérison et qui a, contre toute attente, pu reprendre son emploi. «Nous faisons économiser des sommes importantes à l’État. Nous aimerions pouvoir chiffrer ces bénéfices, monter des dossiers pour défendre notre travail. Mais rassembler des témoignages n’est pas simple, à cause de la pudeur des gens.»
Partick Fontaine, pasteur normand également actif dans la guérison divine, fait preuve d’une semblable ouverture? prudente?: «J’ai déjà songé à ouvrir un cabinet de guérison et à faire de la publicité dans les pages des journaux au milieu des annonces occultes. Pourquoi pas…». Le risque, ici, ne semble pas être l’impossibilité de garantir une guérison (cela, aucune médecine ne le peut), mais d’expliciter la démarche?: «Ce que nous faisons, pourquoi nous le faisons, sans omettre l’essentiel, la question du salut». Pour Patrick Fontaine, une telle plateforme devrait être gratuite et soutenue de diverses manières par des Églises. «Que les gens viennent à l’Église pour un service de guérison et entendent l’Évangile ou qu’ils viennent dans un cabinet pour la même chose, il n’y a pas grande différence», déclare-t-il.

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