Les chrétiens irakiens ont déposé une demande officielle afin d’obtenir leur propre province au sein même du pays.
Lors d’une interview avec l’évêque Ken Joseph, militant pour la cause des chrétiens assyriens (comme ils se nomment), le président irakien Nouri al-Maliki a déclaré que la Constitution irakienne pouvait prévoir la création d’une province propre aux chrétiens. Il a cependant mis l’accent sur le fait que ces derniers devraient être intégrés: «Nous voulons qu’ils puissent être à l’intérieur du pays, qu’ils soient actifs et qu’ils puissent reprendre leurs droits. Nous ferons tout ce que nous pourrons pour les aider». En effet, sous Saddam Hussein, les chrétiens n’avaient notamment pas voix au chapitre concernant la vie politique. Le président a ajouté qu’il avait un faible pour les chrétiens, qu’il considère comme des gens respectables.
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Sur le plateau de l’ancienne Ninive
La nouvelle province est considérée comme la seule solution pour stopper l’hémorragie de la population chrétienne irakienne (un demi-million de réfugiés, principalement en Syrie et en Jordanie mais aussi en Occident) et même de l’inciter à revenir. En effet, les chrétiens, par leur rôle de tampon entre chiites et sunnites, ont permis une stabilisation dans le nord du pays.
Située au nord-ouest du pays sur la partie orientale du Tigre (en jaune sur la carte), cette région porterait le nom d’«Assyrie(nne)» et non plus «de Ninive». Elle aurait la même structure légale que celle du Kurdistan, qui comprend une minorité chrétienne (environ 30000 personnes pour une population de cinq millions de Kurdes irakiens). Sans être un État, ce dernier bénéficie d’une autonomie relative avec son propre conseil législatif et la langue kurde y est officialisée. Si, tout comme le Kurdistan, la province assyrienne se voit accorder une certaine autonomie et un gouvernement qui lui soit propre, elle représenterait un véritable succès démocratique. Il y aurait 15000 familles déplacées au Kurdistan irakien, en majorité sunnites ou chrétiennes.
Les chrétiens assyriens demandent depuis 2003 leur reconnaissance en tant que minorité ethnique et religieuse. Les communautés «assyriennes» sont très anciennes et rattachées à Rome. Il existe également des Assyriens protestants. Leur langue est le syriaque, version moderne de l’araméen.

Rebecca Piaget

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Juin 2007

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Ils ne savent plus où aller

D’après Jürg Löliger, homme d’affaires chrétien actif au Proche-Orient, la situation en Irak est telle que les milliers de chrétiens qui fuient le pays ne peuvent pas y revenir. Selon un rapport récent de l’ONU, la minorité chrétienne est victime de discrimination, de harcèlement et de persécutions pouvant parfois aller jusqu’au meurtre. Ainsi, les chrétiens qui peuvent fuir Bagdad ou Mossoul le font sans hésitation. L’exode s’est accéléré en 2004, quand les islamistes ont lancé une vague d’attentats contre les chrétiens accusés de «collaboration» La situation dans les pays voisins où ils ont fui, principalement en Syrie et en Jordanie, reste très précaire. Jürg Löliger explique: «Ils ont le droit d’y être trois mois. Ensuite, ils doivent payer un dollar par jour pour y rester. Quant à ceux qui sont en Suisse, ils peinent à s’intégrer. Ils ne savent pas ce qu’ils vont devenir.» Nombre de chrétiens assyriens trouvent également refuge en Suède, terre d’accueil idéale en raison de sa grande ouverture. Dans le comté de Stockholm, la ville de Södertälje compte actuellement 5300 Irakiens pour une population totale d’un peu moins de 60000 habitants. Cette année, le Service d’immigration suédois s’attend à accueillir au moins 2000 réfugiés de plus.