«Une laïcité d’inspiration chrétienne»
En France, le protestantisme évangélique est peut-être considéré comme un phénomène récent. Pourtant, Jacques Buchhold, doyen de la Faculté libre de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine, a rappelé le rôle historique précurseur joué par les évangéliques dans ce changement inéluctable du rapport entre le religieux et le pouvoir politique.
«L’idéal laïque plonge une partie de ses racines dans un riche terreau théologique», a-t-il précisé, en citant l’influence prépondérante des écrits de John Lock, du baptiste Roger Williams au 17e siècle ou du libriste Alexandre Vinet, dans la première moitié du 18e. Au-delà de ces références, il a rappelé que le modèle qui a façonné la pensée de Jean Calvin ou de Théodore de Bèze était celui de l’Ancienne Alliance, une époque où le Peuple d’Israël pratiquait déjà une séparation des pouvoirs.
«Selon la laïcité d’inspiration chrétienne, l’Etat doit se déclarer incompétent en matière religieuse», a précisé Jacques Buchhold. Même si ce principe est observé en France, il s’est accompagné d’un développement récent plus inquiétant. En effet, l’Etat s’étant déclaré incompétent dans le domaine éthique aussi, on a assisté à «un profond changement de la hiérarchie des valeurs dans la pensée occidentale: la liberté humaine a pris la place de l’acceptation d’un certain donné créationnel, au point de s’opposer parfois à lui». Une liberté devenue folle, de l’avis du conférencier, qui y voit une révolte contre Dieu.
«Une juste pratique de la laïcité ne doit pas se confondre avec le relativisme social». Le théologien a rappelé que Roger Williams avait appelé à ne pas confondre laïcité et relativisme social. Or «l’Etat est devenu spectateur des choix éthiques individuels».
Christian Willi
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Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mars 2015
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