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Tout à tous! (Carte blanche)

© Alliance Presse
Chaque mois, Christianisme Aujourd'hui offre une tribune libre à un acteur du protestantisme évangélique d'expression française. La parole à Matthias Radloff, professeur à l'Institut biblique et missionnaire Emmaüs

Fred vient de rejoindre un projet d’implantation d’Eglise au Congo. Et, comme il s’y attendait, il va de surprise en surprise. Que les missionnaires s’habillent de couleurs locales est tout bonus, côté photos. Mais il voit comme un manque total de considération le manque de ponctualité et qu’on lui donne la parole sans l’avertir au préalable lors d’un culte.
Après ce faux départ, comment Fred peut-il encore apprécier ces chants aux rythmes païens ou la prédication difficile à comprendre bien que traduite en français? Comment se concentrer lorsque les hauts-parleurs sont saturés par des voix qui n’auraient nul besoin d’amplification et qu’on n’a aucune idée de l’heure à laquelle tout cela se terminera? Pourquoi ces chrétiens ne peuvent-ils pas être un peu plus normaux?
Et que dire de ces missionnaires qui se sont laissé prendre au piège de la culture locale? Fred sait maintenant pourquoi Dieu l’a envoyé ici: pour réformer la théologie de ce poste missionnaire et ses pratiques.
Deux ans plus tard. Fred est toujours Fred, même s’il a changé. Il a compris que l’Evangile, pour être communiqué, doit être annoncé dans les codes culturels du lieu. Si Hudson Taylor s’était habillé à la chinoise, voyageait, mangeait et parlait comme un Chinois, Fred, lui, mange, chante et accueille de plus en plus à la sauce congolaise. Au lieu de transformer l’Afrique à la gloire de Dieu, c’est lui qui change.
Fred est de retour pour son congé. Son sac est plein d’épices et son cœur rempli de joie: il souhaite inviter à un culte les quelques familles congolaises et ivoiriennes habitant dans le quartier de son Eglise d’envoi. Tout le monde dans l’Eglise se rallie à ce projet. D’accord pour un peu de musique folklorique au culte, mais pas pour la louange! Car la louange doit plaire avant tout à Dieu, pas aux Congolais.
Quant à ceux qui ne comprennent pas le français, ils n’auront pas droit à la traduction: d’abord parce qu’ils doivent s’intégrer à notre culture en apprenant le français, ensuite parce qu’une traduction rallongerait le culte.
Avez-vous trouvé l’erreur? Dans l’évangélisation, n’est-il pas normal de «parler la langue» de celui que je veux rejoindre? Dans toute communication, chacun doit apprendre à parler la langue de l’autre. Mais qui de nous fera le premier pas? Et y aura-t-il un deuxième pas? Il est essentiel pour un missionnaire de s’adapter à la culture de l’autre, mais tout aussi impératif d’accueillir cette culture lorsque je suis évangéliste, chez moi. Que peut m’apprendre la mission?

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – septembre 2012

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