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Thaïlande: le modèle d’Aceh a la cote

Le nouveau gouvernement a inversé sa politique vis-à-vis des séparatistes musulmans du Sud et fait des gestes en leur faveur
Joël Reymond

Le nouveau gouvernement thaïlandais est disposé à autoriser l’introduction de la charia dans le Sud du pays mais il s’oppose à toute sécession. Les trois provinces les plus méridionales du royaume, frontalières de la Malaisie, sont en effet agitées depuis 2004 par des violences insurrectionnelles qui ont fait jusqu’ici quelque mille sept cent morts, ciblant principalement des symboles de l’État central : fonctionnaires, soldats, police, profs d’écoles et moines bouddhistes mais aussi des lieux de divertissement et des leaders musulmans modérés.Sous l’ancien président
Shinawatra, Bangkok avait opté pour une politique musclée de confrontation et de mise au pas. Mais le putsch de septembre dernier a changé la donne ; le premier ministre de transition Surayud Chulanont, mis en place par l’armée, a rapidement annoncé un changement radical et présenté ses excuses pour des années «trop répressives». Il a fait de la restauration de l’ordre dans le Sud sa priorité. À noter que le nouveau cabinet, paravent de la junte militaire, comprend trois ministres musulmans alors que ces derniers ne représentent que 5% de la population.
–CREDIT–
La charia a tendance à remplir tout l’espace
La nouvelle politique d’apaisement de Bangkok portera-t-elle les fruits escomptés? En visite à Jakarta à la fin octobre, Surayud Chulanont y a manifesté son adhésion au modèle «Aceh», suscitant la crainte de certains observateurs
des libertés religieuses. L’Indonésie voisine, confrontée à des problèmes similaires à Aceh (que le monde a découverte à l’occasion du tsunami de fin 2004) les a résolus en accordant à cette province l’autonomie et l’autorisation d’appliquer la charia, lors même que les musulmans d’Aceh étaient divisés sur cette question. Ce faisant, Jakarta a retrouvé la paix ; les islamistes et les troubles qu’ils pouvaient causer n’étaient dès lors plus qu’un problème local. Mais à Aceh même, la division de la société a augmenté au fur et à mesure que la charia emplissait l’espace juridique et social, générant une nouvelle bureaucratie et police religieuse et empiétant toujours plus sur le domaine de la loi civile.En Asie du Sud comme ailleurs, seule une minorité de la communauté musulmane aspire à vivre sous la loi islamique, pour ne rien dire des non-musulmans. Pour la Commission de liberté religieuse de l’Alliance Évangélique, Aceh est un cas d’école pour la manière dont l’introduction de la charia dans une province a tendance à diviser et à verrouiller la société.Dans le cas de la Thaïlande, comparable en taille et en population à la France, le Sud est habité à 80% par des musulmans (ethniquement malais), contre 20% de bouddhistes… et quelques rares chrétiens qui ont la vie de plus en plus dure.

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