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Pourquoi tant morts

L’image inversée de David et Goliath colle au conflit israélo-palestinien comme la boue aux bottes du soldat. La disproportion dans le nombre de victimes est aussi durable que frappante et elle est à la charge des Israéliens

L’opération «Plomb durci» à Gaza s’est soldée par la mort de dix soldats israéliens contre entre 600 et 1200 victimes côté palestinien. Les intifadas, les diverses offensives de Tsahal en Cisjordanie (Remparts, Raisins de la colère, etc.) ont toujours fait beaucoup plus de morts côté palestinien. Plus généralement, les médias égrainent chaque mort (surtout parmi les Palestiniens). Le nombre de dépêches a plus d’effet à long terme que le nombre de victimes.
Pour les observateurs militaires, cette disproportion est une résultante de la disproportion des moyens engagés. Car le conflit israélo-palestinien est un conflit de type asymétrique : tactiques de guérilla (roquettes et attentats suicides, utilisation à large échelle de boucliers humains) du côté palestinien contre tactique conventionnelle, dite de guerre symétrique, où une armée affronte une autre armée, du côté israélien. Dans la logique militaire, plus on est proportionné, moins on est efficace, plus ça dure et plus on perd d’hommes.
Dans les guerres urbaines, le taux de pertes civiles peut se monter à 33%. C’est une constante dans ce conflit, depuis les années 20. Déjà à l’époque, sous mandat britannique, les Juifs étaient numériquement inférieurs mais tactiquement supérieurs et enregistraient moins de pertes.

La disproportion débattue
Face à cet insoluble problème qui se traduit par une défaite israélienne sur le terrain diplomatique et médiatique, les défenseurs d’Israël ont attaqué radicalement la notion même de disproportion. Le philosophe français André Glucksmann a argumenté dans une tribune du Monde que la notion de proportion est absurde à double titre : fondamentalement, car tout conflit implique à la base un désaccord et un déséquilibre et pratiquement car, dans le cas d’espèce, elle consisterait pour Israël à tirer des roquettes à l’aveuglette sur des populations civiles.
Leur autre argument : c’est dans les réactions de la communauté internationale que se loge la vraie disproportion. «Les mêmes ne réagissent pas lors de lynchages de chrétiens au Pakistan, l’enfermement des Palestiniens dans des bidonvilles dans les pays arabes ou encore le massacre des Noirs Soudanais par les milices arabes du Darfour», écrit l’éditorialiste Marc Cohen.

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Mars 2009

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