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Poupées pour jouer au feu

Je ne sais pas encore ce que je voudrais demander au Père Noël, mais je sais en tout cas ce que je ne demanderai pas : une poupée. Normal, je suis un garçon. Certes, mais il y a un couple de poupées qui fait fureur, en tout cas pour l’heure…
Hugues Not

Je ne sais pas encore ce que je voudrais demander au Père Noël, mais je sais en tout cas ce que je ne demanderai pas : une poupée. Normal, je suis un garçon. Certes, mais il y a un couple de poupées qui fait fureur, en tout cas pour l’heure et ces marionnettes-là, je n’en veux pas. Ce sont des poupées de chiffon, aux effigies de Nicolas Sarkozy et de Ségolène Royal, livrées avec une série de douze aiguilles à piquer façon vaudou. Ainsi, vous pouvez vous défouler et lancer des incantations à l’encontre du Président de la République ou de la présidente de la Région Poitou Charentes, en enfonçant autant de pics que vous le souhaitez sur sa représentation.
Nous avons là une curieuse démonstration de la France laïque. L’Élysée a porté plainte et le juge l’a débouté en argumentant que «cette représentation non autorisée ne constitue pas une atteinte à la dignité humaine, ni une attaque personnelle, ni une atteinte fautive à son droit à l’image». Quand on sait ce que pensent les juges de France de Nicolas Sarkozy et de leur ministre de tutelle, on peut s’interroger sur l’impartialité du Tribunal de Grande Instance de Paris dans cette affaire loufoque.
–CREDIT–
Cette poupée est une «oeuvre de l’esprit», a déclaré le juge – sans préciser la nature de cet esprit. Elle entre donc dans la catégorie de ce qui est autorisé dans le cadre de la liberté d’expression et du droit à l’humour. Et le magistrat ajoute qu’il «ne faut pas prendre au sérieux ce procédé et croire qu’il prônerait un culte vaudou tel que pratiqué dans les Antilles». Puis il ajoute qu’il n’a pas à apprécier le bon ou mauvais goût du concept proposé.La liberté d’expression est à nouveau en cause. À en abuser on provoquera, in fine, des réactions brutales qui pourraient museler toutes les libertés.La dérision et les attaques permanentes à l’égard des politiques, quels qu’ils soient, minent la fonction publique
et finalement, l’action politique. Demain, après avoir sifflé la Marseillaise, on brûlera le drapeau tricolore. Après-demain, après avoir piqué le Président de ses douze
aiguilles, on le mettra sur une croix. Et tout le monde rira de cette belle blague. Toucher aux symboles pour les ridiculiser, c’est déconstruire une société qui ne peut s’en passer. On peut ne pas être d’accord avec une politique et la critiquer librement, mais très vite, si on bascule et si on maltraite son représentant et la fonction, on n’édifie rien ; on ne fait qu’avancer dans la rancoeur et la riposte. Nous serons jugés à la façon dont nous jugeons !Si mon voisin installe dans son jardin une cible pour ses fléchettes et s’il place au coeur de sa cible la photo de mes enfants, je ne suis pas certain de trouver cela très drôle. Et pourtant, il paraît que ce n’est qu’un jeu. On ne joue pas avec des allumettes. On ne joue pas non plus avec le vaudou !

Hugues Not

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Décembre 2008

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