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Pédophilie: histoire d’un projet militant

© Youtube - DR
Parti pris de David Vincent(photo en médaillon).

Gabriel Matzneff a été convoqué par le tribunal correctionnel de Paris le 12 février suite à la publication d’un ouvrage de témoignage d’une femme qui avait partagé son lit. Il avait cinquante ans, elle, treize. L’écrivain sera jugé dans une année et demie pour apologie de la pédophilie.
Le fait que le scandale éclate autour d’un écrivain n’est pas un hasard. Dès la fin du 19e et au début du 20e siècle, plusieurs d’entre eux ont fait de leur plume un outil pour promouvoir des formes de sexualité sortant du cadre ordinairement admis. En France, le principal représentant de cette tendance est André Gide (photo).
Issu d’une famille protestante, Gide a été élevé dans la foi chrétienne. Jeune adulte, il part en Afrique du Nord. Mais juste avant, il décide de se séparer de sa Bible, qu’il emportait auparavant partout. Cet acte signifiait une rupture; il congédiait le Christ de sa vie. Or, c’est justement après ce choix, au cours de ce premier voyage, qu’il va commencer ses expériences pédophiles. Ses aveux publics, dans son journal personnel, n’ont jamais entraîné de poursuite judiciaire à son encontre. Son statut d’écrivain à succès l’a toujours placé au-dessus de la justice commune.
Cette diffusion littéraire de la pédophilie n’était qu’une première étape. Dans la foulée de Mai 68 et de la libération sexuelle, un militantisme plus politique s’est développé. Plusieurs associations, journaux et partis politiques sont créés dans différents pays européens et en Amérique du Nord. En France, outre les petits journaux spécialisés sur cette question, c’est surtout Libération qui va promouvoir la pédophilie. Pendant plusieurs années, jusqu’au début des années 80, plusieurs articles vont être publiés, soit pour demander la clémence en faveur de pédophiles poursuivis (une pétition est même signée par de futurs ministres), soit pour promouvoir la pédophilie elle-même.
Ce militantisme s’inscrit dans le cadre plus large de la lutte contre la «normativité hétérosexuelle». Au départ, les militants pédophiles faisaient cause commune avec les militants homosexuels. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que ces deux combats vont progressivement se dissocier. Il faut toutefois attendre 1994 pour que l’International Lesbian and Gay Association décide d’exclure les associations pédophiles présentes en son sein afin d’obtenir une reconnaissance officielle des pouvoirs publics.
Il ne faut cependant pas penser que ce premier échec soit synonyme d’abandon. On a plutôt affaire à un changement de stratégie. L’erreur tactique des militants pédophiles dans leur projet est d’avoir voulu provoquer un changement trop brutal, qui a finalement choqué l’opinion publique. Même déchristianisée, la société occidentale était encore sensible à certaines valeurs traditionnelles. C’est pour cela qu’il est nécessaire pour les militants, de leur point de vue, de détruire ces fondements afin d’aller jusqu’au bout de la «libération sexuelle». On peut comparer cela à l’expérience de la grenouille, qui plongée dans une eau trop chaude s’enfuit tout de suite. Mais dans une eau froide dont la température augmente petit-à-petit, celle-ci ne va pas ressentir la hausse et elle va rester, jusqu’à finir ébouillantée. Ce travail de déconstruction, dont le nom n’est d’ailleurs pas caché, est entrepris depuis plusieurs années, petit à petit. Le but est clairement indiqué: faire disparaître «la normativité hétérosexuelle», ce qui était exactement l’objectif des militants des années 70. Tout cela s’accompagne d’une sexualisation de l’enfant, qui n’est pas sans rappeler certaines revendications évoquées précédemment.

David Vincent, doctorant en Sciences des religions à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes de Paris

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui mars 2020

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