Passer une heure avec Bernard Russi est stimulant. Homme de conviction et d’action, il a sorti dossiers, croquis et plans d’au moins quatre projets qu’il mène de front : construction d’une maison de retraite la plus économique par chambre ou projet de résidence psychiatrique où les pensionnaires pourront s’occuper d’un parc animalier, pour ne citer que deux exemples. Chaque fois, ce sont des projets à sept chiffres.
Dans le domaine de la prise en charge des personnes âgées, Bernard Russi est bien connu et pour cause. C’est un ardent défenseur de la libre entreprise dans ce domaine fortement étatisé, là où la majorité des acteurs cherchent les subventions
publiques.
En moins de vingt ans, cet entrepreneur à la trajectoire atypique a créé ou repris une quinzaine d’entreprises, principalement dans le domaine des prestations pour les seniors. En Suisse romande, son groupe Boas est numéro un ; à l’échelle helvétique, numéro deux ou trois. Et la croissance n’est pas prête de s’arrêter.
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Dans quatre mois, il va inaugurer le Pacific, une maison de retraite innovante à plus d’un titre à Étoy (VD). Non seulement il veut démontrer que l’on peut construire des établissements adaptés aux besoins des aînés à moindre coût. Mais en plus, cet EMS offrira la possibilité à la famille de ses pensionnaires d’assumer une partie de leur prise en charge, comme la cuisine ou le ménage. Dans quelques semaines, il va donner le premier coup de pioche d’un EMS de trente lits et de trente-trois appartements protégés à Aigle.

Une ligne claire
Chrétien engagé, Bernard Russi ne veut pas pour autant faire de ses établissements des institutions confessionnelles: «Nous ne voulons pas exploiter la vulnérabilité des personnes âgées à des fins spirituelles, pas plus que créer une sorte de ghetto chrétien.»
L’entrepreneur est convaincu que c’est «dans le monde» que le témoignage des chrétiens est plus efficace : «Si nous avons des maisons de retraites chrétiennes, des partis chrétiens, etc., nous ne prêchons qu’à des convaincus!»
Avec son épouse, directrice des soins du Domaine de la Gottaz, ils ont décidé dès le départ d’imposer une ligne claire. Boas, nom d’une des deux colonnes du temple de Salomon, a été choisi dans cet esprit : «Ce nom biblique m’a déjà donné des dizaines d’occasions de parler de notre foi», explique volontiers Bernard Russi. Le système qualité interne porte le nom de l’autre colonne  du temple: «Yakin».
Conséquent, l’entrepreneur n’hésite pas à faire le ménage lorsqu’il surprend des pratiques contraires à sa foi. Ainsi, il a récemment exclu une formatrice en tarologie. Ailleurs, il a retiré les statues de Bouddha et les cours de yoga, contre l’avis du personnel : «Je crois que Dieu bénit cette ligne claire.»
Tout aussi claire est sa politique en matière de présence religieuse dans les institutions du groupe Boas : «Nous respectons la liberté de nos résidents. Mais nous répondons aux demandes de nos clients. Pour cela nous avons des bibles Gédéon à disposition, une offre spirituelle et des aumôniers peuvent être sollicités en tout temps.»
Pour le reste, il verrait d’un bon œil que davantage de chrétiens s’engagent auprès des résidents d’EMS par le biais du bénévolat, afin de leur offrir une présence, une visite, avec de belles surprises à la clé. «Notre personnel a sans cesse l’occasion d’accompagner des personnes à faire de l’ordre dans leurs relations, de résoudre des questions existentielles dans cette dernière étape de leur vie.»
Christian Willi

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Juin 2008

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