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«Paradis» de Orelsan

© DR
Ces Hits entrés dans l'histoire.
Jonathan Hanley

Gros succès romantique pour ce rappeur précédemment accusé de misogynie, ce titre introduit plusieurs réflexions pertinentes sur l’amour et le paradis.
Orelsan avait besoin de redorer son blason quant à son attitude envers les femmes. Il le fait en livrant ici une ode à celle qu’il aime d’un amour sans faille. Du moins, il le prétend. C’est justement cette idéalisation de la relation amoureuse qui introduit plusieurs questions intéressantes du point de vue de la foi.
Le rappeur décrit un amour qui n’a besoin d’aucun effort et qui résiste sans peine au passage du temps. Qui n’aimerait pas vivre une relation où l’élan des premiers jours reste à l’identique au fil des années? («Ça fait sept ans qu’on sort ensemble depuis deux semaines.») Peu importe si sa bien-aimée ne correspond plus aux normes de la beauté. («Je comprends pas pourquoi tu t’inquiètes quand tu prends du poids. Pour moi, ça fait toujours plus de toi.») Or chacun sait que la réalité ne correspond pas à la beauté poétique de cette chanson. Nous sommes habités par cet idéal au plus profond de notre cœur: être aimés sans condition et pour toujours. Ne faudrait-il pas être Dieu pour aimer ainsi?
Le texte d’Orelsan ne tient pas compte d’une réalité qui plombe l’idéalisme qu’il décrit. Le cœur humain est fondamentalement corrompu par le mal. C’est la raison pour laquelle l’amour doit surmonter les écueils de l’égoïsme et de l’orgueil. C’est l’explication des difficultés que nous éprouvons à construire des couples solides. Un vrai chrétien ne peut pas être optimiste quant à la nature humaine. Livrés à nous-mêmes, nous semblons incapables de nous en sortir. Avons-nous besoin de Dieu pour surmonter le mal?
Quant au paradis, Orelsan a compris des vérités importantes, notamment que celui-ci commence ici et maintenant et se poursuit au-delà du temps. («On dit que le temps détruit, mais le temps n’est pas notre ennemi.») Le paradis n’est pas qu’une destination future, mais se construit dès à présent. «Le royaume de Dieu est au milieu de vous», disait Jésus dans l’Evangile de Luc. La relation avec Dieu commence ici et maintenant et dure éternellement. Le paradis n’est pas autre chose que cela. 

Jonathan Hanley

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui mars 2020


Orelsan: Paradis

Qu’est-ce que j’irais faire au paradis
Quand tu t’endors près de moi?
Qu’ils le donnent à d’autres, le paradis
Je n’en voudrais pas

Ils disent que, pour tenir un couple, faut l’entretenir tous les jours
Ces connards n’y connaissent rien en amour
Comme si j’devais faire un effort pour t’écouter,
comme si j’avais déjà douté
J’aimerais tes défauts si jamais j’arrive à en trouver
Rien n’a bougé depuis nos premiers: « Je t’aime »
Ça fait sept ans qu’on sort ensemble depuis deux s’maines
Ta peine est ma peine, ma vie est la tienne
Ta famille et la mienne sont la même
J’ai abandonné ces chiennes sur le bord de la route
C’est moi qui devrais avoir des doutes parce que tu les baises toutes
J’comprends pas pourquoi tu t’inquiètes quand tu prends du poids
Pour moi, c’est ça d’pris, ça fait toujours plus de toi
Tu serais là, si j’repartais à zéro
À m’rappeler les vraies choses, à calmer mes névroses
J’avais un p’tit diable sur mon épaule,
maintenant, j’ai ta tête sur mon épaule

Qu’est-ce que j’irais faire au paradis
Quand tu t’endors près de moi?
Qu’ils le donnent à d’autres, le paradis
Je n’en voudrais pas

Notre amour est la seule vérité
Nos enfants donneront aux nazis l’envie d’avoir des enfants métissés
Main dans la main, vieux et fripés
On s’rappellera les soirées qu’on faisait tous les deux
à fumer des clopes, déchirés
À danser au milieu du salon, tu taffais dans deux heures
Les yeux imbibés d’alcool, déguisés en Chopper
Quand tu t’marrais à mes blagues les plus nulles
Quand on s’donnait des surnoms ridicules
On dit qu’le temps détruit mais l’temps n’est pas notre ennemi
Parce que plus j’te connais et plus j’me sens béni
Assez béni pour t’emmener à l’église
Dire au prêtre: « Oublie l’truc où la mort nous sépare,
on va rester dans cette vie »
On aura plein d’enfants parce que y’a qu’ça qui compte
On dormira empilé comme des Maximonstres
J’vais enfin pouvoir me poser
La réponse à toutes mes questions s’endort à mes côtés

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