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Médias et politique: jeux d’influences

© Ixène
Entre connivence, suspicion et défiance, le cœur des politiciens et des journalistes balance. Analyse.
Christian Willi

Les médias n’ont guère apprécié les critiques de François Fillon lors de sa conférence de presse du 6 février. Le candidat républicain les a en effet accusés d’en avoir «trop fait pour le lyncher et l’assassiner politiquement». Le politique a eu droit à un retour de manivelle dans les heures qui ont suivi, avec des commentaires très durs dans l’affaire des emplois fictifs présumés.
Les rapports entre politiciens et médias ne sont pas simples. Les premiers ont besoin des seconds pour mener campagne et exister dans l’opinion publique. Et les médias, toujours à l’affux d’une confidence ou d’une interview exclusive pour soigner leur image et doper leur audience, ont intérêt à gagner la confiance des élus, tout en tentant de conserver leur indépendance et leur objectivité.
Ainsi, dans la course à l’audience, des émissions invitent sur leur plateau des personnalités comme Eric Zemmour ou Marine Le Pen, qu’elles ne cessent de critiquer le reste du temps. Même si ces élites savent qu’on va essayer de les piéger, de leur soutirer «la» déclaration qui va trop loin, elles acceptent ces invitations pour profiter de cette fenêtre de visibilité.
Ces rapports ambivalents entre le pouvoir politique et médiatique, la société en est consciente. Un sondage Kantar Sofres pour La Croix révélait fin janvier que 67% des Français jugent les journalistes peu capables de résister aux pressions politiques et, pour 58%, à celles des pouvoirs financiers.
Le journaliste doit jongler avec une distance mouvante avec le politique. Un jour amadoué et invité, il fera le jour suivant l’objet d’une fin de non-recevoir ou d’appels de politiciens, qui tenteront de lui expliquer comment faire son métier. Ce qui est vrai en politique arrive aussi avec des institutionnels religieux, qui cèdent parfois à la tentation d’expliquer au Christianisme Aujourd’hui comment «informer» ses lecteurs.
Les journalistes n’aiment pas la critique. Dans Le Point, le politologue François Bouvet pronostique que François Fillon va payer cash les critiques adressées aux médias. «Il essaie de jouer l’opinion contre la presse. Une option qui peut payer, vu le niveau équivalent de défiance envers les médias et les politiques.» Le politologue relève toutefois que le candidat de la droite aura désormais face à lui des médias «beaucoup plus attentifs et agressifs».

Dossier: Médias
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