L’hebdomadaire français Marianne vient de publier un impressionnant et inquiétant dossier sur «Les nouvelles guerres des religions». Le sous-titre est accusateur: «Comment les cléricalismes menacent la planète». Partout dans le monde et sur tous les continents, les fanatismes religieux ruinent la vie collective, minent les démocraties et sabotent la laïcité. L’odeur du souffre et de l’encens menacent nos existences tandis que les barbus de tous poils obligent les citoyens à raser les murs! Voici revenu le temps des croisades, propulsant notre siècle dans un passé obscur, moyenâgeux et rétrograde. Des massacres au Nigéria à l’amende de 25 000 € en Irlande pour un juron blasphématoire, en passant par les pogroms en Indonésie, le tour d’horizon est tragique. Les violences des ultraorthodoxes juifs qui brutalisent leurs propres soldats et exigent des autobus «casher» (les femmes au fond, comme les Noirs avant Luther King) ne prêtent plus à rire avec leurs vieux costumes noirs. Pas plus que les extrémistes hindous, en shorts kaki et chemise blanche, lorsqu’ils s’en prennent aux musulmans et aux chrétiens, tuant des fidèles et brûlant leurs édifices. Et qu’oser dire d’un islam premier fournisseur de kamikazes sans courir le risque d’être traité d’islamophobe ou de raciste? La Grèce ruinée est écrasée par la puissante et riche Eglise orthodoxe et Moscou impose une dévotion au Christ Sauveur devant un patriarche hilare bénissant le président Medvedev.
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Le temps des Lumières semble passé et l’intolérance sort de l’ombre, revêtue d’ornements religieux, lourds, encombrants, imposants. Les fanatismes ne sont pas que juif, musulman, hindou, ils existent aussi dans le christianisme, y compris dans sa frange évangélique. Les journalistes ne sont d’ailleurs pas avares de railleries lorsqu’ils parlent des «Zinzins du Christ» ou des «Camelots de Dieu». Certes, les journalistes maltraitent encore une fois les évangéliques, en particulier états-uniens, présentés sous un jour exclusivement géopolitique.

Cependant, dans toute critique exagérée se cachent quelques travers à débusquer et à corriger: l’humilité doit nous en convaincre. Par ailleurs, au moment où le visage du protestantisme français est en pleine mutation et que les évangéliques cherchent à être plus visibles, chacun doit accepter cette étonnante vérité: les médias pensent traiter l’actualité et le plus souvent, ils la maltraitent! «Avoir de fortes convictions» devient «être fanatique». Lorsque les évangéliques seront un peu plus sous les projecteurs, heureux de leur force, il ne faudra donc pas qu’ils s’insurgent sur la façon dont les médias les percevront. Chercher des cautions réclame des précautions!

Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – mai 2010

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