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Lettre ouverte à À Paul Verhœven, cinéaste hollandais

Dans cette rubrique, des chrétiens adressent une exhortation, une interpellation, ou un encouragement à diverses personnalités publiques. Parallèlement à sa publication dans le Christianisme Aujourd’hui, cette lettre ouverte est adressée à son destinataire.
Joël Reymond

Monsieur,

Une œuvre sur Jésus de Nazareth? Nul doute qu’on va en parler. C’est dans l’ère du temps et ça marche. L’Évangile selon Verhœven, vous l’avez déjà dévoilé en partie, ce sera le Jésus historique, pas celui de l’Église. La thèse du Nazaréen comme sage itinérant et révolutionnaire politico-mystique n’est pas nouvelle (elle a été juive avant d’être libérale au sens de la théologie moderne), vous allez en faire le cas échéant, un objet de culture populaire comme jamais. Je me dis qu’il est encore temps d’apporter quelque chose à votre réflexion.
Tout le monde veut Jésus. Mais Jésus s’échappe à celui qui veut mettre la main sur lui. Il a échappé à son époque qui voulait un homme d’État. Il échappe à la nôtre qui voudrait un Saint-Bernard (en Europe) ou un messager trop divin pour avoir subi le martyre (pour l’islam). Il échappe aussi régulièrement à l’Église qui veut le domestiquer ou se l’approprier. Il échappe aux scientifiques qui veulent le débarrasser de ses atours mythiques, parce qu’ils sont forcés de se livrer à une reconstruction historique – c’est-à-dire, souvent, une projection des goûts et des tendances de leur époque. Vous avez fréquenté des cercles d’historiens et de théologiens, vous savez de quoi je parle. Tout ceux qui ont essayé de faire un récit plus humain que les Évangiles se sont cassé les dents dessus.
Pourquoi veut-on démystifier Jésus? Par recherche de la vérité, comme on chercherait à élucider le meurtre de Kennedy ou l’identité du Masque de fer? Non, c’est autre chose. Mon hypothèse est la suivante: il s’agit de tordre le cou, même deux mille ans après, au témoin gênant, à celui dont la vérité nous insupporte. Dit d’une autre manière, il faut débarasser le monde une fois pour toutes de cette présence de Jésus, qui est la sainteté, la pureté, la non-violence et qui agit comme une accusation permanente, une «deuxième conscience», à la libération finale de l’humanité. Quel projet prométhéen, luciférien, en fait! Vous l’avez déclaré aux médias: c’est votre intérêt pour la magie noire qui vous a amené au thème des miracles puis à celui de Jésus.
Voilà qui explique pourquoi, après avoir célébré le sang, la sueur et le sperme dans tous vos films, du Quatrième homme à Dreamgirls, en passant par Total Recall ou encore Starship troopers, vous vous attaquez maintenant au Christ: le projet Jésus s’inscrit dans la continuité. Mais quelle arrogance! C’est comme si Bobbi Edden, l’actrice de charme hollandaise, incarnait mère Térésa dans un documentaire à venir. Elle ne serait pas qualifiée pour le faire.
Ce qui a fait de Jésus de Nazareth le Messie universel et que vous appelez «la contrefaçon ultime», ce sont les clefs de l’Ancien Testament, notamment les clés sacrificielles, leur enseignement sur le temple et sur le sang.
Encore une idée, mystérieuse mais très réelle: essayez le sang de Jésus, le sacrifice consenti une fois pour toutes. Il purifie efficacement et nous libère de cette condition humaine présente qui nous asservit. Voilà la liberté à laquelle je crois, que j’ai vécue dans ma chair, pas celle des passions et des désordres qui deviennent une prison.
Joël Reymond

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Christianisme Aujourd'hui

Article tiré du numéro Christianisme Aujourd’hui – Avril 2007

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